Quelle est la différence entre Duchess Says et Py Py? La différence d'un membre, nous indique l'équation. Et l'improvisation, nous indique la chanteuse.

«Py Py, c'est d'abord de la musique improvisée», amorce Annie-Claude Deschênes, que certains considèrent comme la chanteuse rock la plus spectaculaire à émerger des souterrains montréalais. Et dont le second groupe, Py Py, lance son premier album pendant que le premier, Duchess Says, en enregistre un troisième. Ouf!

«La musique et les textes ont pris forme au fil de jams. Nous avons alors constaté que des sonorités et des mots revenaient à chacune de nos séances. Quand je joue de la guitare ou des claviers, par exemple, plusieurs lignes et motifs reviennent régulièrement», explique la chanteuse et musicienne - guitares, claviers, machines, etc.

On sait que l'improvisation musicale résulte d'un processus inconscient mais qui laisse des traces récurrentes, bien réelles, qui finissent par dessiner de vraies compositions. Annie-Claude Deschênes en a pris conscience, particulièrement avec Py Py.

Le groupe a débattu de la pertinence de garder le matériel récurrent. «Nous avons finalement convenu de retravailler nos meilleurs riffs improvisés pour les rejouer éventuellement en studio comme sur scène», résume Annie-Claude.

Ainsi, musiques et mots se sont relativement stabilisés pour la suite des choses.

«Mais pour un prochain album prévient notre interviewée, nous reprendrions la même démarche, c'est-à-dire en commençant par des séances d'improvisation, sans idée préalable. Même pour le matériel existant, il y a encore place à l'improvisation. Encore récemment, nous avons improvisé entre les chansons de l'album.»

Les affinités électives

Autre différence entre Duchess Says et Py Py: au lieu d'Ismaël Tremblay-Desgagnés, Roy Vucino assure à la guitare.

«Il y a environ trois ans, relate notre interviewée, je faisais partie d'un autre groupe axé sur l'impro, qu'on avait baptisé Les enfants sauvages [avec Roy Vucino de Red Mass, notamment]. L'idée d'un groupe d'improvisation était dans l'air. Plus tard, Red Mass - un band qui peut compter jusqu'à 12 personnes - et Duchess Says ont partagé le même local de répétition. Très souvent, nous jouions tous ensemble. Ce fut donc naturel de garder Roy avec nous dans ce projet de musique improvisée.

«Durant cette même période, le batteur Simon Besré et le bassiste-guitariste Philippe Clément [tous deux de Duchess Says] travaillaient à la trame sonore du film Fubar 2, de concert avec Roy et Paul Spence, ex-chanteur de CPC Gangbangs. Tout ce monde s'est mis à se fréquenter plus régulièrement, ce qui a mené à la fondation d'un autre groupe.»

Pagan Day, premier opus de Py Py, a été enregistré très rapidement: deux jours de studio, budget minuscule, zéro financement extérieur.

«Avant de nous présenter en studio, indique Annie-Claude, nous avions bien intégré nos jams. Nous n'avions pas de temps à perdre! À la fin des séances d'enregistrement, ces chansons avaient presque l'air composées!»

On peut même en décrire le style:

«L'influence première est psychédélique, mais ça reste assez éclaté, merci. On a du fun! Nous avons d'ailleurs été étonnés de signer chez le label américain Slovenly/Black Gladiator, dont les albums sont généralement plus conventionnels - Black Lips, etc. Nous avons quand même eu quelques problèmes avec le label, concernant la représentation visuelle du groupe - pochette d'album, graphisme, etc. On ne nous trouvait pas assez rock! On a mis du temps à faire comprendre notre affaire...»

Parallèlement à la création du troisième album de Duchess Says, les formations soeurs partiront en tournée européenne au printemps. L'opus de Duchess Says est prévu l'automne prochain. Quant au lancement de Pagan Day, il aura lieu le 14 février au Cercle de Québec, puis le lendemain au TRH-Bar à Montréal (3699, boulevard Saint-Laurent).