Pour son nouvel album High Hopes, dévoilé sur internet dimanche aux États-Unis, Bruce Springsteen n'a pas lésiné sur les moyens: campagne de promotion mitonnée par la chaîne CBS et orchestration où le rock écorché du «Boss» le dispute à une pop bien huilée.

Les 12 morceaux qui composent High Hopes seront accessibles à l'écoute sans téléchargement (streaming) pendant encore une semaine sur le site internet de CBS, mais uniquement aux internautes basés aux États-Unis. Des extraits ont aussi été diffusés dans la soirée pour accompagner les premières images du prochain épisode de la série The Good Wife diffusée sur la même chaîne.

Hors des États-Unis, les admirateurs du «Boss» devront encore attendre jusqu'à la sortie officielle du disque le 14 janvier pour se faire une idée.

La date de dimanche, retenue pour dévoiler High Hopes, ne doit rien au hasard. Il y a 41 ans, jour pour jour, sortait Greetings from Asbury Park, N.J., le premier album studio de Bruce Springsteen. À l'époque certains critiques s'étaient empressés de le comparer à Bob Dylan pour sa verve.

High Hopes, s'il n'a pas la trempe de Born in the USA, donne un bon aperçu des influences dont le natif du New Jersey, âgé de 64 ans, s'est nourri ces dernières années.

«La meilleure façon de décrire cet album est de dire de lui que c'est une anomalie», expliquait Bruce Springsteen le mois dernier au magazine Rolling Stone.

Le chanteur y reprend certaines de ses chansons, à l'instar de American Skin (41 Shots) et The Ghost of Tom Joad, mais aussi celles d'artistes assez peu connus du grand public, comme un très doux Dream Baby Dream du duo new-yorkais Suicide ou Just Like Fire Would des Australiens The Saints.

Thèmes familiers

High Hopes, le morceau éponyme qui ouvre le 18e album studio de Bruce Springsteen, donne le ton d'entrée. Les percussions accompagnent des cuivres discrets pour laisser place à l'entêtante guitare de Tom Morello, qui d'ordinaire officie avec les rockeurs énervés de Rage Against the Machine, et joue ici sur neuf des 12 morceaux de l'album.

«Je vois une armée hors d'haleine fendre l'air/ Ils vont étouffer l'amour/ Ils vont abattre tes espoirs», chante le «Boss», manifestement en mal d'illusions, lui qui s'était fait un nom à ses débuts en mettant en musique les maux de la classe ouvrière américaine.

Le saxophone du très populaire Clarence Clemons, décédé il y a deux ans et demi, est aussi de la partie sur le très pop Harry's Place et la nouvelle version de American Skin (41 Shots), un morceau inspiré par la mort d'Amadou Diallo, un Guinéen abattu par la police de New York en 1999.

Dimanche soir, les critiques se montraient plutôt encourageantes.

«Malgré un début un peu cahoteux, les thèmes familiers que sont l'espoir, la rédemption et le pouvoir qu'a l'amour de se jouer de l'adversité ont fait des merveilles, comme sur tout bon album de Springsteen,» écrivait Pete Chianca sur Blogness on The Edge of Town, un blogue consacré au «Boss».