«On n'a même pas vu l'année passer», admet Yes Mccan, l'un des MC de l'explosif collectif post-rap Dead Obies. Montréal$ud, premier disque du groupe, a fait sa place dans bien des palmarès de fin d'année. Retour en cinq temps sur une année folle.

«L'AFFAIRE CHRISTIAN ROUX»



Février

Dur réveil pour Dead Obies le 8 février dernier. En page A3 du Devoir, Christian Rioux parle «d'engouement suicidaire pour l'anglais» en citant la langue mixte du groupe. Yes Mccan juge aujourd'hui que cette chronique fut déterminante pour le groupe. «Jusque-là, on faisait ce qu'on faisait, c'est tout, explique-t-il. Quand il y a eu cette histoire-là, on a été obligés de se réunir et de débattre pour clarifier notre démarche.» Leur langue, ont-ils établi, est le reflet de la composition du groupe et documente la réalité qu'ils connaissent. «On s'est dit qu'on n'allait pas rentrer la queue entre les jambes et s'excuser, dit le MC, mais qu'on allait bomber le torse et l'exagérer, notre défaut.»

FRANCOUVERTES

Hiver-printemps

Les astres n'étaient pas alignés pour que Dead Obies participe aux Francouvertes l'hiver dernier. Ou peut-être que si. Inscrit à la dernière minute, le groupe a causé une commotion en déposant son «cahier de chansons» souvent écrites en franglais. «On aurait pu être disqualifié», résume Yes Mccan. VNCE (le «beatmaker» du groupe) et lui racontent que, à chaque nouvelle étape, le groupe s'étonnait d'être encore dans la course. Dead Obies a fini deuxième. «On était plus libres en finissant deuxièmes et en ayant profité de tout l'exposure du concours», juge Yes Mccan. Après la finale, Dead Obies a entamé des pourparlers avec Bonsound, boîte qui a lancé son disque à l'automne.

FRANCOFOLIES



22 juin


Il pleuvait, le soir où Dead Obies s'est produit aux FrancoFolies. Une foule que les membres du groupe estiment à 4000 ou 5000 personnes s'est pourtant déplacée pour les entendre. VNCE avoue qu'il a été soufflé d'avoir attiré autant de monde. Même s'il avoue avoir un faible pour les petits shows, dans les petites places, Yes Mccan admet qu'un déclic s'est produit aux Francos. «C'est le moment où tout a changé», dit-il. Les parents des gars de Dead Obies étaient aussi dans l'assistance. Paraît qu'ils ont été bien impressionnés. «Soudainement, je n'étais plus juste l'artiste tout croche», laisse tomber Yes Mccan.

EN STUDIO EN ABITIBI

Août-septembre

Très attaché à l'éthique «do it yourself» (fais-le toi-même), Dead Obies n'était pas pressé de signer un contrat de disque. La bande a fini par s'entendre avec Bonsound, entre autres parce que l'étiquette leur accordait toute la liberté artistique désirée... et qu'elle acceptait de lancer un disque dès l'automne dernier. Deux semaines durant, juste avant le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, le groupe s'est enfermé dans un chalet de l'Abitibi pour enregistrer son disque. «C'est un disque qui a été fait dans l'urgence», dit VNCE. Montréal$ud a reçu un accueil plus que positif. «Nightlife nous a même mis au numéro de leur top de l'année, j'en étais presque gêné», avoue Yes Mccan.

LANCEMENT AU CABARET DU MILE END

Novembre

«C'était capoté», résume VNCE, pour parler du lancement de Montréal$ud, le 13 novembre, au Cabaret du Mile End. En effet. La salle était pleine. Non, elle débordait: des dizaines de personnes sont restées en plan sur le trottoir... Réaliser qu'il avait suscité un tel engouement a été un choc pour le groupe. Ce n'était pas comme ça tous les soirs, bien sûr. Mais c'est un sacré bon début. «J'ai l'impression que ce disque-là est une esquisse de ce qui est possible avec l'entité qu'est Dead Obies», songe Yes Mccan. Gardez-les à l'oeil, car eux, ils lorgnent déjà la France...