Mouffe voulait l'adopter, Louise Forestier voulait le mettre dans sa sacoche pour l'emporter... Vincent Vallières a conquis tout le monde et sa mère, mardi au 24e gala de la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, une soirée qu'il a animée avec son humour de pince-sans-rire à lunettes et un sens du rythme dont on voit rarement l'égal en pareille occasion. Belle première pour un gars qui disait n'avoir «jamais animé un party de famille»...

«Trop jeune pour être vieux, trop vieux pour être jeune», Vallières s'est avéré le médium parfait pour cette rencontre intergénérationnelle et multidisciplinaire où, loin des caméras, se côtoient artistes émergents et vétérans de la chanson, magnats du showbiz et rats de studio.

Comme dans tous les galas du genre, trophées, prix et hommages appellent leur lot de remerciements, mais comme les gens s'y sentent en famille - nous avons compté deux journalistes -, la forme varie un peu... Le fond aussi. «Merci à la SOCAN pour les chèques aux trois mois», a lancé un lauréat. «Merci aux crédits d'impôt», a ajouté un autre sous les rires de ses collègues qui, on ne s'en surprendra guère, entretiennent avec le fisc des rapports amour/haine intenses.

L'auteur Robert Léger, appelé sur scène avec Pierre Huet pour recevoir un trophée Classique SOCAN - 25 000 fois à la radio - pour le succès de Pierre Bertrand Jamais aimé avant, a évoqué en peu de mots un autre aspect de ce gala. «Merci de nous nommer», a dit Léger au nom de ses collègues auteurs, toujours relégués dans l'ombre de la star/interprète dont le nom, à ce gala, n'apparaît même pas dans les citations si l'interprète en question n'a pas participé à la création du texte ou de la musique d'une chanson.

Tout le monde, toutefois, n'a pas la même capacité de synthèse que Léger... Quand un lauréat, pour personnaliser son histoire, a pris l'initiative de faire monter Pierre Flynn sur scène, l'affaire s'alignait pour finir tard dans la nuit... Vincent Vallières est alors sorti de l'ombre en disant: «Je ne voudrais pas couper votre élan, mais...» Mais faudrait commencer à penser à conclure... Imperturbable, le monsieur a continué, commençant à réciter une vieille chanson d'Octobre jusqu'à ce que sa mémoire le trahisse. Prenant la balle au bond, le petit Vallières s'est avancé et a cité ledit couplet de La prochaine décennie de l'album L'autoroute des rêves de 1977. Ovation.

Vallières, sans surprise ici, s'est aussi imposé comme performer. Après avoir ouvert avec son propre tube Stone, il a porté la soirée jusqu'au pic du plaisir quand, dans l'hommage que la SOCAN rendait à Louise Forestier pour l'ensemble de sa carrière, il a interprété J'pense que c'est l'temps, merveilleuse construction rythmique que Mme Forestier a écrite avec Claude Lafrance il y a plus de 40 ans. Et qui n'a pas pris une ride, en tout cas telle que rendue par le groupe El Motor qui accompagnait la chanteuse dans Éphémère en 2009. Rarement vu une salle de pros si totalement engagée dans l'ici et maintenant d'une chanson...

Pour compléter cet hommage à la grande artiste qu'est Louise Forestier, Joanne Pouliot - productrice déléguée de la SOCAN qui faisait aussi ses adieux à sa VP France Lafleur - a eu la bonne idée de faire appel à Catherine Major. Seule au piano, la Major a amené l'assemblée à l'autre bout du spectre d'émotions avec La saisie, un des textes les plus vibrants de Louise Forestier: «Ne touchez pas à mon piano/C'est tout ce que j'ai à me mettre sur le dos». Frissons...

Grande soirée «intime» avec 200 personnes. D'abord avec cet hommage pleinement mérité à Louise Forestier - J'pense que c'tait l'temps... - et l'émergence d'une nouvelle présence en animation de galas - presque un métier en soi chez nous - de Vincent Vallières qui, s'il le souhaite, a tout pour ajouter son nom à la galaxie des Deschamps, Rivard, Brathwaite et Houde.

Portez à l'agenda

Première - Le Big Band de l'Université de Montréal, sous la direction du trompettiste Ron Di Lauro, présente un hommage à Duke Ellington qui inclura la Suite Casse-Noisette que le Duke avait arrangée avec Billy Strayhorn, son alter ego. Grande première: des danseurs de l'École supérieure de ballet du Québec interpréteront cette célèbre suite du ballet de Tchaikovski, dans une chorégraphie originale d'Anne Dryburgh. Jeudi,19h30, à la salle Claude-Champagne.

Archives - À l'occasion de la Semaine nationale de la généalogie, les 10 centres de Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Montréal, Québec, Gatineau, Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay, Rouyn, Rimouski, Gaspé, Sept-Îles - ouvrent leurs portes demain, de midi à 16h, avec des visites guidées et des ateliers. Frédéric Giuliano, directeur du centre de Montréal (535, rue Viger Est), a participé à l'émission Qui êtes-vous? consacrée à Marina Orsini et peut vous mettre sur la piste de votre premier ancêtre québécois...