La programmation réunit Keith Kouna, Grimskunk, Lisa LeBlanc, Jimmy Hunt et Alex Nevsky. Pas mal. À Coup de coeur francophone? Aux FrancoFolies? Plutôt au festival Diapason de Laval, qui a lieu ce week-end.

«C'est notre sixième édition, mais disons que c'est une année de défis», lance Patricia Lopraino, la fondatrice et directrice du festival produit par la Centrale des artistes. Le festival Diapason ne reçoit aucune subvention de la SODEC et ne touche pas un sou du fédéral.

Dans tous les rassemblements culturels du grand Montréal, c'est un petit joueur qui dispose d'un budget de 165 000$ pour quelques centaines de festivaliers. Pourtant, un demi-million de personnes vivent à Laval. C'est pourquoi une dizaine d'organismes culturels de la couronne nord ont créé récemment un réseau pour stimuler la vie artistique lavalloise et obtenir davantage d'appuis politiques. Ils demandent même la création d'un Centre de création artistique professionnel et multidisciplinaire.

Patricia Lopraino en a marre «qu'on parle toujours de Laval en négatif» et que son festival survive dans l'ombre. Pour la petite histoire, l'événement se résumait d'abord essentiellement à un concours visant à soutenir la relève musicale de Laval, des Laurentides et de Lanaudière.

«Pour intéresser les médias, on a commencé à aller chercher des têtes d'affiche en plus du concours», raconte Patricia Lopraino. Le hic, le manque de salles intermédiaires à Laval. La salle André-Mathieu est trop grande pour un groupe dit émergent, de même que le futur amphithéâtre de la Place Bell. La seule possibilité est la salle de la Maison des arts de Laval.

«Nous avons des lieux pour la culture de masse, mais nous n'avons pas de Sala Rossa ou de Cabaret du Mile End à Laval, souligne Patricia Lopraino. Lisa LeBlanc à Laval, ce ne serait pas la même ambiance qu'au Vieux Clocher de Magog, donc les gens préfèrent souvent aller à Montréal.»

Au cours des dernières années, le festival Diapason s'est fait connaître en organisant des spectacles dans des lieux atypiques, que ce soit le club vidéo 20/20, le casse-croûte Patio Vidal, Bagel Sainte-Rose ou la buanderie Lavoir Plus.

«Tout ça est très coûteux. On aime ça, les défis, mais on aimerait que ce soit plus facile. Cette année, on a réussi à garder la qualité de la production, mais nous ne sommes pas en phase de développement.»

Patricia Lopraino est à la fois passionnée, inspirée et... découragée. «Laval est la troisième plus grande ville du Québec, mais il y a peu de médias qui parlent des arts», déplore-t-elle.

Selon un portrait réalisé en 2012 par le ministère de la Culture, la région de Laval a également au prorata un nombre «bien inférieur» d'organismes soutenus le CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec), notamment à cause de sa proximité avec Montréal.

Le milieu culturel est pourtant bien vivant. Le promoteur Scène 1425, filiale underground de la Corporation de la salle André-Mathieu, présente de nombreux spectacles d'artistes dits émergents. Il a également lancé une plateforme web et créé un réseau de diffuseurs provincial. Reste que remplir une salle à Laval est beaucoup plus difficile qu'à Montréal.

Parmi les organismes lavallois du domaine des arts et de la culture qui ont annoncé la formation du ROCAL (Réseau des organismes culturels et des artistes lavallois), on retrouve Bluff Productions, La Centrale des artistes, Lis avec moi, l'Orchestre symphonique de Laval, la Société littéraire de Laval et le théâtre Harpagon.

Le ROCAL a obtenu l'appui du Bureau des arts de Laval ainsi que de la Conférence régionale des élus de Laval (CRE). Son président, Mario Borges, siégera à la Commission régionale de développement de Laval et déposera un projet de centre de création artistique professionnel et multidisciplinaire.

«Il n'existe pas à Laval de locaux de répétition adaptés aux arts de la scène ou de salle dédiée à la création en arts visuels», a-t-il déclaré dans un communiqué. Selon Patricia Lopraino, il y a un «désintérêt de la population» vis-à-vis de la consommation des arts à Laval, car «il y a eu un manque de vision culturelle et politique» pendant les 20 années de l'ex-maire Gilles Vaillancourt. Après les élections en cours, elle souhaite la création d'un «vrai» conseil de la culture à Laval. «Je ne suis plus capable qu'on parle juste de Laval pour ses centres d'achats.»

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Les Frères Goyette, Éric Goulet, Cherry Chérie, The Muscadettes et Tire le Coyote se produisent également au festival Diapason, ce week-end. Tous les détails à www.festivaldiapason.com