À 25 ans, Emie R. Roussel ambitionne de devenir l'égale des Julie Lamontagne, Lorraine Desmarais, Marianne Trudel, Min Rager, Elizabeth Shepherd.

S'enrichit non seulement le contigent des plus douées pianistes de jazz résidant au Québec, mais encore celui des meilleurs pianistes de sexe masculin: Pierre Leduc, Oliver Jones, James Gelfand, John Roney, François Bourassa, Jeff Johnston, André White, Jan Jarczyk, Matt Herskowitz, Jean Beaudet, Rafael Zaldivar, Alexandre Grogg, Luc Beaugrand, Jérôme Beaulieu, on en oublie évidemment.

Fort d'une mention spéciale du jury pour le Grand Prix de jazz TD au plus récent Festival international de jazz de Montréal, le trio d'Emie amorce un nouveau chapitre de sa vie professionnelle, c'est-à-dire en accédant au circuit national. Et ce circuit comprend l'Upstairs où il se produit ce soir.

Au cégep de Saint-Laurent et à la faculté de musique de l'Université de Montréal, la jeune musicienne a été formée par Lorraine Desmarais et Luc Beaugrand, «des professeurs très différents mais tous deux très bons».

Que retire-t-elle de ce parcours académique?

«Au cégep, répond-elle posément, on essaie de voir ce qui a été accompli dans le piano jazz, afin de bien solidifier les bases, préparer le chemin. À l'université, on poursuit l'apprentissage du langage et on se penche sur ses propres compositions en essayant d'y trouver sa personnalité, sa couleur. Il faut sortir de sa zone de confort au lieu de tenter de reproduire ce qui a déjà été fait.»

Aujourd'hui, Emie R. Roussel s'applique à «digérer toute l'information reçue» et ne ferme pas la porte à un deuxième cycle universitaire.

Ses pianistes préférés? «Avant Brad Mehldau que j'ai écouté énormément, et d'autres découverts plus récemment comme Jef Neve, mes premiers modèles furent Bill Evans et Keith Jarrett. Je les écoute depuis l'enfance car mon père [Martin Roussel] est aussi pianiste de jazz et ma mère [Claudine Rioux] a déjà été chanteuse avant de changer de profession.»

Le paternel joue et enseigne au cégep de Rimouski, où un programme de musique est offert depuis quatre ans. «Je proviens de la Rive-Sud, mais j'ai fait mon secondaire là-bas. Puis, je suis venue à Montréal pour le cégep et l'université. J'y réside principalement, mais j'enseigne aussi à Rimouski où vit mon copain. Je voyage sans cesse entre les deux points.»

Emie R. Roussel a de grandes ambitions, souhaite jouer à l'étranger. Pour y parvenir, elle sait qu'elle doit encore hausser son niveau. «On doit évoluer toute sa vie, estime-t-elle. Je continue donc à travailler fort, répéter le plus possible, au moins trois ou quatre heures par jour. Je suis motivée à le faire. Le jazz est ce qui m'allume le plus! L'idée, c'est de jouer le plus possible, faire connaître ma musique auprès d'un public aussi vaste que possible. C'est jazz, mais ma musique reste accessible.»

Incluant quelques apparitions du quatuor Saint-Germain, le trio d'Emie R. Roussel a lancé l'album Transit (autoproduit) en juin dernier. Son véhicule de prédilection se compose du contrebassiste Nicolas Bédard et du batteur Dominic Cloutier.

«J'aime la liberté que m'offre une petite formation. Ça donne des possibilités immenses, autant pour créer quelque chose de super dynamique mais aussi pour quelque chose d'intime et de délicat.»

> Le trio de la pianiste Emie R. Roussel se produit aujourd'hui à l'Upstairs, à 20h30 et à 22h15. Avec le Quatuor Saint-Germain, l'ensemble se produira à Rimouski le 26 septembre.