Huit ans après leurs débuts fracassants, les quatre Anglais d'Arctic Monkeys s'ancrent fermement en Amérique pour leur cinquième album AM, enregistré à Los Angeles et publié lundi.

Parmi les premiers groupes nés sur internet en 2005, le groupe de Sheffield (nord de l'Angleterre) est devenu en quelques années l'un des plus importants groupes de rock britanniques, au point d'être une des têtes d'affiche du festival de Glastonbury cet été au côté des Rolling Stones.

Leurs deux premiers albums - Whatever people say I am, that's what I'm not (2006) et Favourite Worst Nightmare (2007) - distillaient un rock syncopé influencé par le rap et le reggae et marqué par les textes pleins de saveur de son meneur Alex Turner.

Puis le groupe s'est de plus en plus tourné vers l'Amérique, avec des résultats en demi-teinte sur le déconcertant Humbug (2009), puis le paresseux Suck it and see (2011).



AM est le premier disque où les musiciens, désormais installés à Los Angeles, embrassent pleinement leurs nouvelles influences et en font des tubes potentiels.

A l'image du look rockabilly adopté par Alex Turner -- banane, jean moulant et veste cintrée --, AM ne sonnerait pas déplacé dans le juke-box d'un diner... fréquenté toutefois par des producteurs de hip-hop.

«Le disque sonne comme un rythme de Dr Dre, mais nous lui avons donné une coupe de cheveux à la Ike Turner et l'avons envoyé galoper dans le désert sur une Stratocaster», a expliqué Alex Turner au magazine britannique NME.

L'album s'ouvre de façon particulièrement séduisante avec Do I wanna know et R U Mine?, deux morceaux justement inspirés à la fois par le rock et par la rythmique popularisée par les producteurs stars du hip-hop, Dr Dre en tête, au début des années 2000.

R U Mine ?, le titre le plus rock que le groupe ait jamais écrit, publié l'an dernier, a d'ailleurs été le point de départ du disque. Il met en avant, au côté des riffs de guitare, le jeu de batterie de Matt Helders, un des atouts majeurs du groupe.

Mais AM regorge aussi de ballades comme N°1 Party Anthem ou Mad Sounds et ses «ooh-la-la-la» dignes d'un slow des Ronettes.

Alex Turner a troqué son débit de mitraillette pour un rythme plus lent, qui met en avant son timbre et sa diction de crooner.

Le disque perd toutefois de sa tenue vers la fin et on peut regretter que la plume vive et goguenarde du chanteur, qui savait si bien croquer la vie des adolescents britanniques, se soit elle aussi assagie.

AM