Stromae a connu un succès monstre avec sa chanson Alors on danse. Un fort buzz porte encore le chanteur pop belge: Papaoutai et Formidable, premiers extraits de son nouvel album, ont fait l'objet de clips visionnés des dizaines de millions de fois sur YouTube. «Le grand névrosé que je suis ne va pas crier victoire aussi vite», nuance un Stromae ravi, mais surtout soulagé d'avoir bouclé son deuxième disque.

Q La pulsation europop demeure sur votre nouvel album. Quel est votre rapport à la danse elle-même?

R La danse est indispensable à la vie. Plus indispensable que la musique, même, je crois, car elle est les mouvements de vie qu'on fait. La danse et la musique dance, ce sont des trucs qui me parlent avant les paroles. La première lecture, c'est la musique, le groove. Même quand ça ne se danse pas, même dans les paroles, il y a le groove et c'est ça qui est universel, je crois.

Q Mettre un propos sur la musique dance comme vous le faites, c'est un jeu ou un défi?

R Peut-être que c'est un challenge, mais ce que je mets dans ma musique, c'est d'abord ce que j'ai envie d'entendre. [...] Qu'on écoute ma musique pour danser, réfléchir, ou les deux, le choix ne me revient pas. Moi, je veux mettre les deux dedans.

Q Sur deux titres, dont Formidable, votre phrasé fait clairement référence à Brel. Qu'est-ce qui vous a incité à afficher cette influence?

R Je ne sais pas si c'est volontaire de l'afficher autant, mais ça ne me gêne pas du tout. En fait, j'ai l'impression qu'on fait surtout cette association parce qu'il était Belge et qu'il fait partie de cette génération de chanteurs qui jouaient les personnages qu'ils narraient.

J'aime faire ça, moi aussi. Je trouve que c'est sain. Il est plus sain pour Paul Van Haver que ce que je raconte dans ma musique soit - en grande partie - de la fiction. C'est plus marrant et il y a une distance nécessaire entre soi et le personnage qu'on est sur scène.

Q Compte tenu de ce jeu de personnages, qu'aviez-vous en tête au moment d'écrire Bâtard, qui a pourtant l'air d'une chanson étendard?

R J'avais moi-même en tête, car c'est peut-être le morceau qui me ressemble le plus. Il n'y a aucune conviction dans ce morceau, tout ce qu'il y a, c'est une analyse de ce que je suis. Je ressemble d'ailleurs plutôt au deuxième personnage de la chanson, le mec qui ne fait pas beaucoup de choix... mais qui n'est ni plus ni moins un enfoiré que le mec qui fait des choix à tue-tête de manière extrémiste. Je suis tout aussi imbécile...

Q Que gardez-vous du tournage du clip Formidable, où vous errez, apparemment bourré, en pleine rue? Les réactions ou l'absence de réaction des gens vous ont-elles troublé?

R Ç'a été dur humainement, mais j'en avais besoin. Dans le petit confort que le public m'a offert, j'avais besoin de me mettre en danger. Ensuite, il est super intéressant de voir ce qu'on est. C'est une phrase que je reprends d'un journaliste qui parlait de la téléréalité. [...] Que ça gêne ou que ça fasse mal, ces espèces de caricatures qu'on voit dans les téléréalités, elles nous représentent. C'est un miroir et c'est ce qui est horrible. Avec le clip de Formidable, l'idée, c'était de dire: quand tu montres quelqu'un du doigt, regarde les trois autres qui te pointent, toi. Ça va dans les deux sens, je ne suis pas en train de donner des leçons. Je me suis permis de faire ce clip parce que ça servait un propos [pas pour créer un buzz]. Sinon, j'aurais fait une "sextape"...

Q Allez-vous devenir acteur un jour?

R Formidable, c'était peut-être une façon de m'essayer. Quelque part, j'ai peut-être envie de le faire. Après être passé par des étapes d'apprentissage, parce qu'on ne devient pas acteur du jour au lendemain. Alors, après avoir pris des cours et, surtout, avoir choisi un bon scénario, essayer, franchement, oui. J'ai déjà eu de petites offres et c'est motivant parce que j'aime bien me mettre en scène. Ça se voit, je crois.

STROMAE

Racine carrée

En magasin