«Il n'y a aucune raison pour qu'on n'ait pas à Montréal un grand orchestre de jazz de la même stature que l'OSM et l'OM.»

Jacques Laurin est un militant. Un militant du jazz qu'il considère comme «le summum de l'expression musicale». Déjà en 1983, il publiait Les Cahiers de jazz de Montréal, assemblage de partitions de compositeurs tels Lorraine Desmarais, Jean Derome et Jean Vanasse. «Un échec lamentable», dira celui qui, de musicien, s'est depuis recyclé dans la production et l'organisation du milieu du jazz.

Bon, Les Cahiers ont foiré pour ce qui est de la diffusion, mais l'idée est restée: s'OR-GA-NI-SER... Jacques Laurin a fait sa maîtrise en production sonore à McGill, a collaboré à la mise sur pied du Off Festival de jazz avec les musiciens qui se disaient frustrés par le peu de place que leur accordait, selon eux, «le grand festival». Laurin a eu maille à partir avec le «monstre», s'est colleté avec André Ménard qui ne refuse jamais le combat. Grosses personnalités, gros mots.

Pendant ce temps, de recherches en consultations, la grande idée de Jacques Laurin faisait son chemin et chacun continuait sa réflexion sur la place que devrait occuper le jazz dans le pays du plus grand festival de musique au monde... où 1% des subventions de diffusion est accordé au jazz.

Les Montréalais verront ce soir le résultat de ces laborieuses démarches avec le concert inaugural de l'Orchestre national de jazz de Montréal. «Finalement, au troisième essai», sourit Jacques Laurin en soulignant l'apport de Luc Fortin, président de la Guilde des musiciens du Québec. Laurin avait proposé la chose en 2005 - «le festival n'était pas prêt» - et encore en 2009, où il manquait encore des morceaux conceptuels.

«Notre objectif est de présenter un concert par mois», explique Jacques Laurin, très heureux de cette entente avec le Festival qui fait de L'Astral le home de l'Orchestre national de jazz. On ne parlera pas encore de la «Maison jazzistique» mais si le jazz est affaire de rencontre, celle-ci, entre le Festival et l'Orchestre, est porteuse de mille projets. Applaudissons l'ouverture.

Après le concept, le concert donc, ce soir, sous la direction de Christine Jensen, qu'on a vue lundi à L'Astral avec sa soeur Ingrid. Au programme d'abord: un hommage à l'auteure-compositeure-interprète Joni Mitchell, pour ses 70 ans, avec la chanteuse Karen Young. Ensuite des extraits des Africa/Brass Sessions de John Coltrane avec André Leroux au saxophone ténor. Il sera entouré des Zanella, Lozano, Blais et Côté tandis qu'à la trompette, on entendra David Charbonneau, Jocelyn Couture, Aron Doyle et Bill Mahar.

La troisième partie du programme sera consacrée à des oeuvres des compositeurs québécois Christine Jensen, Marianne Trudel qui sera au piano et Jean-Nicholas Trottier, le super-compositeur et tromboniste avec qui joueront les Grott, Martin et Ellis. Rémi-Jean LeBlanc est à la contrebasse et Kevin Warren à la batterie.

«On n'emploie pas le terme big band, souligne Jacques Laurin. Le mot évoque le côté «club cheap» du jazz. Il y a 17 musiciens au premier concert. S'il en faut 24 en septembre, on en aura 24...» Pour arriver éventuellement à présenter, peu importe avec qui, «le meilleur orchestre de jazz au monde».

Concert inaugural de l'Orchestre national de jazz de Montréal, ce soir au Théâtre Jean-Duceppe à 21h30.