Après avoir vu et entendu plusieurs artistes interpréter quelques-unes des pièces de son vaste répertoire pour souligner, quelques mois à l'avance, ses 70 ans, Joni Mitchell a foulé mardi soir la scène du Massey Hall de Toronto, s'est débarrassée de ses souliers et a offert à la foule un cadeau rarissime: une prestation musicale.

La légendaire chanteuse canadienne, qui se fait de plus en plus discrète - sa dernière tournée remonte à l'an 2000 -, a semblé très à l'aise et ravie de se retrouver sur les planches, racontant des anecdotes et lisant un nouveau poème inspiré de l'oeuvre d'Emily Carr.

Elle a interprété trois chansons - toutes saluées par des ovations debout - lors de ce concert qui avait été organisé en son honneur par le festival artistique torontois Luminato.

«Ce soir, je dois dire que je me sens immensément honorée», a-t-elle lâché en montant sur scène après avoir porté une main à son front et admiré la foule en liesse. «Je n'étais pas certaine que je pourrais chanter ce soir. Je n'en suis toujours pas certaine, mais je vais essayer.»

Avant son tour de chant, Joni Mitchell avait admiré et écouté avec un bonheur évident les Rufus Wainwright, Glen Hansard et Kathleen Edwards revisiter ses plus grands succès, accompagnés par des musiciens dirigés par son collaborateur de longue date, Brian Blade.

Environ deux heures après le coup d'envoi du concert, la jubilaire est montée sur scène pour offrir une lecture de This Rain, This Rain, un nouveau poème qu'elle a rédigé dans sa maison de Colombie-Britannique après une période particulièrement pluvieuse.

Mais auparavant, elle avait tenu à préciser les raisons expliquant son absence prolongée de la vie publique. «J'ai été un peu déconnectée», a-t-elle exposé.

Lorsque l'un des spectateurs lui a bruyamment témoigné son admiration en lui demandant où elle avait bien pu se cacher tout ce temps, elle lui a répondu: «Merci. J'ai été malade. C'est tout. Qu'est-ce que vous voulez. Mais je suis de retour».

Et quel retour. Avant de chanter Furry Sings the Blues, tiré de l'album Hejira (1976), elle a pris le temps d'en expliquer l'origine, racontant en long et en large - et avec beaucoup d'humour - ses souvenirs de la tournée Rolling Thunder Revue avec Bob Dylan au milieu des années 1970.

Après avoir charmé les spectateurs, elle a tiré sa révérence aux côtés de ses musiciens. Quelques instants plus tard, elle est revenue sur scène, histoire de récupérer ses souliers, et a de nouveau salué la foule. Spontanément, l'assistance a entonné Joyeux anniversaire - même si elle est née en novembre.

Elle a de nouveau tiré la révérence, une dernière fois.

«Merci, merci», a-t-elle lancé au milieu du tonnerre d'applaudissements. «C'est tellement plaisant.»