Radio Radio est présentement en période de création pour son quatrième album dans les studios du Centre PHI, dans le Vieux-Montréal, où le trio sera également en spectacle, jeudi prochain, avec le groupe électronique Organ Mood.

Ce soir, le Centre PHI - en collaboration avec la boîte Bonsound - accueillera l'acteur et musicien John Lurie, de la série télé Fishing With John. Une discussion suivra une projection des six épisodes cultes de 1991 mettant en vedette Jim Jarmusch, Tom Waits, Matt Dillon, Willem Dafoe et Dennis Hopper.

Cette semaine, le centre a également exposé deux oeuvres (en hommage aux designers Diane von Furstenberg et Philippe Starck) dans le cadre de la conférence sur les affaires et la créativité C2-MTL.

Le Centre PHI fêtera son premier anniversaire le 1er juin. Fondé par la mécène et amoureuse des arts Phoebe Greenberg, l'ancien édifice abandonné de la Holland Crystal est devenu un poumon culturel de Montréal. On y trouve des studios et des salles à la technologie dernier cri et aux possibilités multiples: cinéma, conférences, spectacles diffusés en streaming, etc.

«Un peu comme l'Arsenal, c'est un espace qui n'existait pas avant à Montréal, dit Alexandre Bilodeau, de Radio Radio. Ce n'est pas juste un centre d'art. On peut faire tout et n'importe quoi.»

«J'aime que chaque projet profite des particularités de l'édifice, dit Phoebe Greenberg. L'expérience est dirigée par l'artiste avec le soutien de notre équipe.»

Le volet musical du Centre PHI est important, à commencer par un label (PHI Musique) qui a soutenu des artistes comme Band of Skulls, Black Lips et Melissa Auf der Maur. La semaine prochaine, Misteur Valaire et Radio Radio s'y produiront. Le centre du Vieux-Montréal présentera également un spectacle du festival MUTEK consacré à Ernstalbrecht Stiebler, pionnier méconnu de la musique minimale (le 1er juin), ainsi qu'Arthur H (le 1er août).

La Presse a visité les quatre étages du Centre PHI, hier, de la salle du premier étage qui accueille des conférences de presse ou des lancements (Pop Montréal) à la salle de cinéma de 85 places qui a projeté récemment le documentaire Reincarnated sur la mutation du rappeur Snoop Dogg en Snoop Lion. «On présente généralement les films seulement une fois. On crée l'événement», indique Myriam Achard, directrice des communications du Centre PHI.

Au deuxième étage, l'exposition de l'artiste Gabriel Coutu-Dumont intitulée Wonders of A Transient Universe prend fin demain pour laisser place à celle du peintre Joe Becker. «Le deuxième étage est toujours consacré à une exposition gratuite durant les heures d'ouverture du Centre», précise Mme Achard.

Joe Becker est un ami de Renata Morales, commissaire invitée du Centre PHI, du 5 au 12 juin. Tous les soirs, par ailleurs, se produiront des musiciens choisis par la designer montréalaise, que ce soit Young Paris, Actress, Agor, Prison Garde et Jef Barbara.

Projets multidisciplinaires

Les différents domaines artistiques (cinéma, photo, musique, arts visuels) se croisant dans les initiatives du Centre PHI donnent tout leur sens au mot «multidisciplinarité». L'art plus pointu côtoie des initiatives plus underground, qu'il s'agisse de défilés de mode (Travis Taddeo), de lancements (Nouveau projet), de galas ou de soirées-bénéfice (la fête de la Fondation Kampe avec les membres d'Arcade Fire). L'automne dernier, les célèbres plancheurs à roulettes Tony Hawk et Tommy Guerrero étaient même présents pour la présentation du documentaire Bones Brigade.

«Notre mandat est de rendre l'art accessible, le démocratiser, faire découvrir des nouveaux artistes et créer des échanges, souligne Myriam Achard. C'est très familial ici.»

Le Centre PHI - financé par des investissements privés sans aucune subvention - compte plus de 40 employés. Dixit le directeur technique Marc-André Nadeau, c'est un dream job (un emploi de rêve).

Un an après la fondation du Centre PHI, Phoebe Greenberg affirme que sa plus grande fierté est «son équipe». Toujours à l'affût des expressions artistiques de «la nouvelle génération», la mécène veut encourager des projets d'art hybride et les collaborations insoupçonnées.

«On va mettre beaucoup d'énergie dans le volet production», ajoute-t-elle. Après Braids et Radio Radio, on pourrait donc voir d'autres musiciens enregistrer du matériel au Centre PHI. «On peut faire la postproduction d'un film dans nos studios», ajoute Myriam Achard.

«L'édifice a plusieurs langages. On encourage les artistes à les exploiter», conclut Phoebe Greenberg.