Au conservatoire d'art lyrique, son professeur a tout de suite identifié le «problème» de Jil Aigrot: sa voix ressemblait à celle d'Édith Piaf. La jeune Cannoise n'en a pas moins continué à travailler cette voix comme si c'était la sienne, son objectif restant justement de faire carrière dans la chanson.

Dans différents concepts, Jil Aigrot chantera bientôt Brel et autres «monstres sacrés» avant que le réalisateur Olivier Dahan ne lui offre le «rôle» de la voix chantée de Piaf dans le film connu ici sous le titre La vie en rose (2007), dans lequel Marion Cotillard incarnait «La Môme» (le titre français). «C'est en travaillant avec l'actrice que je me suis investie du personnage de Piaf», disait hier Jil Aigrot, de passage à Montréal pour la promotion du spectacle Édith, qu'elle présentera au Théâtre Outremont le 12 novembre, dans le cadre d'une tournée mondiale qui l'emmènera d'Helsinki à Istanbul en passant par New York, Vancouver, Québec et Osaka.

Ce travail sur la façon d'être et la gestuelle de Piaf a d'abord aidé Jil Aigrot à contribuer au succès du film - Oscar de la meilleure actrice à Cotillard, cinq Césars en France, 83 millions de dollars de recettes de par le monde - avant de la lancer dans l'écriture de ce spectacle qui veut souligner le 50e anniversaire de la disparition d'Édith Piaf, morte le 10 octobre 1963 à l'âge de 47 ans.

Quel souvenir a-t-elle laissé? «En France, explique Jil Aigrot, Édith Piaf est restée un grand nom de la chanson, mais il y en a d'autres. Pour les étrangers, toutefois, elle incarne littéralement la chanson française, avec peut-être Charles Aznavour.» Hors les murs, on connaissait plus, jusqu'au film, les dernières années de la vie de la diva, une vie marquée par le malheur et les amours sans lendemains.

Le spectacle Édith s'ouvre sur l'époque de Piaf à Montmartre (1935-1945), que la première partie fait revivre en 25 titres que la Môme chante en se promenant dans les rues, du cirque jusqu'au port où s'éclatent les marins en mal de filles. Jil Aigrot est accompagnée de quatre musiciens, «interactifs» en ce qu'ils participent à l'action que viennent appuyer en fond de scène des photos et des films inédits de Piaf. La deuxième partie met en scène la Piaf des grandes scènes internationales, la petite femme frêle, immobile derrière le micro, sa dernière béquille. C'est l'époque des grands succès: Milord, Non, je ne regrette rien, Mon manège à moi, La vie en rose...

Sur disque

Le disque Édith sortira ici au cours de l'été, dira pour sa part le producteur Gil Marsalla, qui tenait à ce que sa vedette vienne rencontrer la presse d'ici: «Le Québec est important pour nous.» Jil Aigrot jouera Édith quatre soirs au Petit Champlain de Québec avant de venir faire entendre sa voix magnifique à l'Outremont, où le nouveau directeur général, Raymond Cloutier, compte beaucoup sur la filière française pour remplir son «immense» salle de 800 places.

Le Petit Outremont

À cet égard, La Presse a appris de source informée que l'Outremont s'apprêtait à donner naissance au Petit Outremont, une salle à l'italienne d'une centaine de places où l'on présentera des concerts de jeunes artistes et du théâtre expérimental. Ouverture en juillet. Bonne nouvelle pour la rue Bernard.