Michael Jackson «était mourant» pendant les dernières répétitions de son spectacle This is it et le promoteur AEG, en charge de sa santé, n'a pas réagi aux avertissements, a affirmé mercredi un témoin lors du procès qui oppose la famille du «Roi de la pop» au groupe AEG.

Les absences continues de Michael Jackson aux répétitions de This is it, qu'il préparait au moment de sa mort le 25 juin 2009, ainsi que son «extrême minceur», étaient une source d'«inquiétudes» pour son entourage professionnel, a déclaré Alif Sankey, productrice associée du spectacle.

Mme Sankey, qui travaillait étroitement avec Kenny Ortega, producteur du spectacle et plus proche collaborateur de Michael Jackson sur le projet, a affirmé qu'au début du moins de juin 2009, elle avait «commencé à avoir des inquiétudes» au sujet de la santé du chanteur. «J'étais inquiète et préoccupée».

Ses inquiétudes ont empiré de semaine en semaine, à mesure que le «Roi de la pop» apparaissait de plus en plus «mince», jusqu'à devenir «extrêmement mince».

Le 19 juin, a raconté Mme Sankey, le chanteur est venu voir ses équipes mais n'a pas répété. «Il n'allait pas bien ce soir-là. Kenny m'a dit qu'il lui avait massé les pieds et que (Michael Jackson) lui avait dit que Dieu lui parlait».

A son départ, elle et Kenny Ortega ont «pleuré car (le chanteur) ne parlait pas normalement. J'étais extrêmement inquiète».

Un peu plus tard dans la nuit, alors qu'elle était en route vers son domicile, Mme Sankey a «arrêté son véhicule et appelé Kenny Ortega, à 01h30 du matin. J'avais l'impression très forte que (Michael Jackson) était en train de mourir».

«L'avez-vous dit à M. Ortega?», lui a demandé Brian Panish, l'avocat de la famille Jackson, qui réclame plus d'un milliard de dollars à AEG pour avoir, selon elle, négligé la santé du chanteur.

«Je pense qu'il souffre»

«Oui», a-t-elle répondu. «J'étais très énervée et je criais à ce moment-là. J'ai dit qu'il fallait le conduire à l'hôpital immédiatement».

«S'il te plaît, fais quelque chose, je t'en prie, je t'en prie. Je n'arrêtais pas de lui répéter cela», a-t-elle dit. «Pourquoi personne ne voit ce que je vois? Promets-moi que tu vas aller chez lui et que tu vas faire quelque chose. (Kenny Ortega) me l'a promis et je suis rentrée chez moi».

«Avez-vous constaté une quelconque action engagée par quelqu'un de chez AEG?», a demandé M. Panish. «Non», a-t-elle affirmé.

M. Panish a également profité du témoignage de Mme Sankey pour montrer plusieurs courriels ayant circulé entre l'équipe artistique du spectacle, Kenny Ortega et le chorégraphe Travis Payne, et les responsables d'AEG, Paul Gongaware et Randy Phillips.

Dans plusieurs de ces courriels, M. Ortega réclamait à AEG un suivi médical spécifique, en plus de celui assuré par Conrad Murray, médecin personnel du chanteur, condamné en 2011 à quatre ans de prison pour homicide involontaire.

«Personnellement, je pense qu'il devrait avoir un excellent nutritionniste et un physiothérapeute pour le suivre régulièrement», écrit-il à M. Gongaware après une mauvaise répétition.

Dans un autre message, le 14 juin, il insiste: «Je crois vraiment qu'il a besoin de conseils pour se nourrir, et de physiothérapie, pour masser ses muscles fatigués et ses blessures. Il n'est pas en bonne forme. Je pense qu'il souffre. Il a du mal à se mettre au travail. Il nous reste 20 jours, on ne peut pas le laisser sombrer».

Dans son contre-interrogatoire, la défense d'AEG a essayé de mettre en avant la position secondaire de Mme Sankey dans la production du spectacle et ses rencontres épisodiques -- des «moments» -- avec Michael Jackson, qui ne lui auraient pas permis d'évaluer à sa juste mesure son état de santé.

Le chanteur a succombé à une surdose de propofol, un puissant anesthésiant qu'il utilisait comme somnifère avec la complicité de son médecin.