Les amateurs de guitares et de musiques du monde sont en deuil. Le guitariste, ethnomusicologue, professeur de musique et grand voyageur Bob Brozman a été retrouvé mort le 23 avril dans sa maison de Santa Cruz en Californie. Bien que la cause de son décès reste à confirmer, tout indique qu'il s'agirait d'un suicide.

Roi de la « steel guitar » hawaiienne, Brozman était un héros de la six cordes acoustique, adepte de métissages et de rencontres artistiques improbables. Bluesman à l'origine, le musicien a vite élargi son spectre musical. Croyant fermement que la musique est « LE langage international », il a multiplié les collaborations avec divers musiciens du monde, dont l'indien Debashish Battacharya, le Réunionnais René Lacaille, le Japonais (d'Okinawa) Takashi Hirayasu, ainsi que la famille Tau Moe, véritables légendes de la musique hawaïenne.

Son approche ethnomusicale lui a valu d'être comparé à Ry Cooder, mais il détestait le rapprochement, considérant sa démarche comme beaucoup plus ouverte et généreuse. En entrevue au Festival d'Été de Québec, événement auquel il a participé plusieurs fois dans les années 90, il avait d'ailleurs comparé sa guitare à un « décodeur universel » semblable à celui qu'utilisaient les personnages de Star Trek en arrivant sur de nouvelles planètes. Sur son 24e et plus récent album paru en 2012 (Fire in the Mind) le guitariste était toutefois revenu à ses premières amours : le blues.

Dans les année 80, Bob Brozman fut victime d'un grave accident de voiture, qui le laissa avec de très douloureux maux de dos et de grandes souffrances aux extrémités. Il y a un an, le musicien aurait annoncé à son entourage qu'il ne pouvait plus jouer de guitare hawaïenne, à cause de la douleur. Selon son ami et producteur Daniel Thomas, il est probable que cette incapacité ait conduit à son suicide. « Il luttait pour imaginer sa vie sans instruments » a confié M. Thomas au Guardian. Une lutte qu'il a finalement perdue. Il avait 59 ans.