Après avoir été révélée par la comédie musicale et avoir vendu des millions de disques, la soprano britannique Sarah Brightman lance un album inspiré d'un rêve qu'elle nourrit depuis sa tendre enfance et qu'elle va bientôt réaliser : voyager dans l'espace.

Sarah Brightman aime les voyages. Tout de suite après son escale promotionnelle à Montréal, vendredi, elle s'envolait pour Pékin, où elle a chanté lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de 2008. « Je ne tiens pas en place. J'étais toute jeune et je voyageais déjà par mes propres moyens », dit la soprano britannique aujourd'hui établie aux États-Unis.

Mais le voyage ultime, celui dont elle rêve depuis qu'enfant, elle a vu le premier homme poser le pied sur la Lune, elle le fera en 2015. Pendant huit à 10 jours, elle voyagera avec deux cosmonautes à bord d'une capsule Soyouz jusqu'à la Station spatiale internationale. Elle a passé tous les tests nécessaires et se consacrera à son entraînement en 2014, dès que sera terminée sa tournée de spectacles qui l'amènera au Centre Bell en septembre prochain.

« Ce qu'il y a de bien avec ces tests, c'est qu'en plus de confirmer que tu es dans une forme physique incroyable, c'est un processus très exigeant qui te permet de vérifier si tu éprouves un besoin réel d'aller là-haut ou pas, dit-elle. Ce n'est pas facile au plan psychologique, mais j'ai découvert au camp russe Star City combien je tenais à y aller. »

Ce « besoin », elle ne saurait dire d'où il vient au juste, mais il l'habite depuis longtemps. Sa décision était prise bien avant que Guy Laliberté ne vive pareille aventure.

« Un ami à moi qui était un spécialiste des fusées en Californie m'a appris que je pouvais faire un vol suborbital. J'ai d'abord signé un contrat avec Virgin Galactic, un leader dans ce domaine, mais la possibilité d'un vol orbital vers la Station spatiale internationale s'est présentée plus tard. Je me suis intéressée à des gens comme Anousheh Ansari [NDLR : la première femme touriste de l'espace en 2006], qui disait qu'elle avait eu le pressentiment qu'elle irait dans l'espace dès son enfance quand elle regardait des documentaires sur le premier homme à poser le pied sur la Lune. Moi aussi.

« Ce fut un changement fondamental, comme il n'y en a probablement pas eu d'autre depuis. Soudainement, tout était possible, tout était permis. Dans le bourg en banlieue de Londres où j'ai grandi, il n'y avait évidemment pas de programme spatial. Je suis allée vers la musique et j'ai vécu une expérience fantastique. Mais un membre de l'équipe spatiale m'a dit que si j'étais née ailleurs, aux États-Unis par exemple, et que j'avais voulu devenir astronaute, j'aurais sûrement été sur les rangs. »

Chanter dans l'espace

Une telle expédition n'est pas à la portée de toutes les bourses. La chanteuse de 52 ans répond qu'elle peut se le permettre et qu'elle va obtenir de l'aide financière. Pourrait-il s'agir de commanditaires intéressés à ce qu'elle chante en direct dans l'espace ? « On examine toutes les possibilités qui s'offrent à nous », dit-elle succinctement avant d'ajouter qu'elle tient à partager autant que possible son expérience : «Si je peux faire ma contribution et décrire ce que je vois là-haut en tant que simple musicienne, je vais essayer. »

Le cas échéant, elle n'aura pas à se casser la tête pour trouver son répertoire. Son tout nouvel album, Dreamchaser, est inspiré d'un bout à l'autre par sa quête de l'espace. Ses choix musicaux sont éclectiques, de Sigur Ros et Paul McCartney - Venus and Mars, évidemment - à Gorecki et Rimsky-Korsakov avec en guise de finale une adaptation de la célèbre Tubular Bells de Mike Oldfield jumelée à une chanson pop inédite (Closer). La chanteuse et ses réalisateurs Mike Hedges et Sally Herbert ont réussi à créer un climat d'ensemble spatial, éthéré et nourri par les claviers et la programmation, qui permet aux pièces musicales, pourtant fort différentes, de se fondre l'une dans l'autre.

« Je suis une interprète, pas une compositrice, et ça me donne la liberté d'aller n'importe où. Quand j'étais enfant, dans les années 60, je pouvais entendre à la radio une pièce de Rachmaninov suivie de What's New Pussycat de Tom Jones. J'ai senti que la chanson de Sigur Rós, que je considère comme une composition des temps modernes, pouvait très bien être suivie d'une composition de Gorecki et que ça créerait un paysage sonore provenant du même feeling. Parce que la musique est d'abord une affaire d'émotion. »

Comme la sortie de l'album Dreamchaser a été retardée, le concert que devait donner Sarah Brightman au Centre Bell le 1er février dernier a dû être reporté au 17 septembre. Elle promet un spectacle en phase avec la thématique spatiale, avec un petit groupe de musiciens et une scénographie sobre.

« Les idées viennent toujours de moi. Plus je vieillis, plus je suis créative. Je ne veux pas ajouter inutilement des accessoires complexes et lourds. Mais ça va être extrêmement efficace. »

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