La chanteuse Pier Béland est décédée tôt ce matin, à l'Hôpital Cité-de-la-Santé de Laval, à la suite d'un long combat contre le cancer. Elle était âgée de 65 ans. La chanteuse devait lancer un nouvel album ce mercredi.

Selon son ami et gérant Eduardo Da Costa, elle est partie en paix et entourée de ses proches.

La chanteuse avait tenu à remercier ses admirateurs dans une lettre envoyée aux médias, vendredi dernier. «À tous mes amis qui depuis tant d'années me suivent et me font confiance; à vous qui vous êtes déplacés tellement de fois pour venir assister à mes spectacles, pour tous vos encouragements, et votre amour, je vous dis merci du plus profond de mon coeur... Ce soir, je vous annonce officiellement que tout ce que vous avez lu dans les journaux la semaine dernière me concernant est vrai. Il est temps pour moi de vous quitter dans quelques jours. La maladie aura gagné la bataille.»

Elle avait été opérée en juillet dernier après qu'on eu détecté un cancer de l'utérus. On n'avait pas eu d'autre choix alors que de procéder à une hystérectomie. Elle a donné son dernier spectacle dans un cabaret de Miami le 17 mars dernier. Elle s'était plainte après coup d'un léger malaise, mais elle mettait ça sur le compte d'un mauvais virus.

«Je lui ai parlé lundi 25 mars et elle allait très bien raconte le journaliste Roger Sylvain qui était un de ses amis. Elle était toute absorbée par son dernier album dont la sortie est prévue sous peu. Le lendemain elle a ressenti une violente douleur aux reins. C'est une fois rendue à l'hôpital, qu'on lui a diagnostiqué un cancer généralisé au foie et aux reins avec quelques jours seulement à vivre».

Il salue la grande sérénité de l'artiste. «Elle m'a parlé de sa mort de manière très calme. Elle a tout organisé son départ en quelques jours, y compris la vente de ses condos et s'assurer à ce que son mari André Véronneau, atteint d'Alzheimer, ne manque de rien. Je retiendrai d'elle son grand professionnalisme. Son souci d'être toujours impeccable sur scène. On s'est parfois moqué de ses robes largement échancrées, son glamour. Mais elle avait pour son dire qu'on ne monte pas sur les planches comme on va au supermarché. Et c'est cette allure, outre son talent, que les gens remarquaient et appréciaient».

De la romance au country

Née le 12 avril 1948 elle était la fille du fantaisiste Réal Béland du célèbre duo Ti-Gus et Ti-Mousse et d'Armande Cyr. Cette dernière sera ensuite après sa séparation de son mari, la compagne de Claude Blanchard. Qui sera en quelque sorte un père de substitution pour la jeune Pier. Elle était aussi la demi-soeur de l'humoriste Réal Béland avec qui les relations seront tendues. Sa mère fera les annales de la justice en abattant son nouveau compagnon Raymond Morin qui avait violenté une de ses enfants. On le voit, une jeunesse assez contrariée pour celle qui sera tout de même une battante qui triomphera souvent de l'adversité.

Elle fera ses débuts dans les cabarets au milieu des années 70 et connaîtra véritablement le succès une décennie plus tard. Avec plus d'une trentaine d'enregistrements à son actif, elle aura vendu plus d'un million d'exemplaires de ses disques, qui s'ils ne tournaient pas à la radio, savaient trouver leur auditoire. Parmi ses succès Sans toi et Lucky star chanté en duo avec Peter Pringle. En 1990 elle présente à la Place des Arts son spectacle Entre l'amour et l'humour qui connaîtra un grand succès. Au début elle s'en tenait à des romances avec beaucoup de ses compositions. Par la suite elle bifurquera vers le country.

Des amis bouleversés

Michel Louvain lui a parlé le matin même du dimanche de Pâques «Quand j'ai appris la nouvelle ça été une des pires journées de ma vie. Je suis parti en vélo, abattu. J'ai pris la peine de lui laisser un message sur son cellulaire. Et à ma grande surprise, le matin même de Pâques elle m'a appelé. Vous savez quoi? Elle qu'on donnait pour morte la veille, d'une voix naturelle, elle s'est inquiétée pour moi! Je n'en reviens pas de cette grandeur d'âme. Je lui ai dit, «tu ne peux pas savoir la leçon que tu m'as donné».

Même son de cloche chez Michèle Richard. «On l'aimait tous. Je l'admire tellement de la façon dont elle a fait face à la maladie. Quand j'ai su qu'elle avait le cancer je me suis dit que ce n'est pas vrai, qu'elle allait s'en remettre.  C'est jeune mourir à cet âge».  Le pianiste Richard Abel la voyait souvent en Floride et ils étaient résidents de la même municipalité «Elle venait souper à la maison. C'était une fille sans aucun ego. Tout le monde l'aimait pour ça. Tout ce qui comptait pour elle c'était son public. La nouvelle de son cancer m'a grandement peiné».

Une lettre d'adieu

Parmi ses préparatifs de départ elle a eu un mot pour ses fans qu'elle ne voulait pas laisser orphelins. Elle a rédigé à leur intention une lettre d'adieu dont voici un extrait. «Il est temps pour moi de vous quitter dans quelques jours. La maladie aura gagné la bataille. Une des rares que j'ai perdue. Mais que voulez-vous, on ne peut pas toutes les gagner malheureusement. Mais je veux que vous sachiez que ces derniers mois de ma vie ont été les plus beaux. J'ai connu ce que bien des gens connaîtront jamais et je pars sereinement en me disant que la vie m'aura enfin tout donné».  Sa page Facebook a aussitôt été prise d'assaut par de nombreux admirateurs bouleversés.

Son décès est survenu à la veille du jour prévu pour le lancement de son premier album en plus de 10 ans, intitulé Ce que je suis, dans lequel elle partage les coups de coeur qui l'ont le plus marquée au fil des 20 dernières années.

Elle laisse dans le deuil son époux André Véronneau, sa famille et ses amis.

Une cérémonie privée à sa mémoire aura lieu dans quelques jours.

Avec La Presse Canadienne