Le chanteur de pop coréen Psy, dont le tube décalé et humoristique Gangnam Style a enflammé les charts mondiaux, devait donner jeudi soir à Séoul un grand concert gratuit retransmis en direct sur YouTube pour ses fans du monde entier.

Le Seoul Style Show devait être diffusé à l'adresse youtube.com/officialpsy depuis le parvis de l'hôtel de ville de la capitale sud-coréenne où 50 000 «gangnam fans» étaient attendus, genoux arqués et mains jointes, pour exécuter la désormais célèbre «danse du cavalier».

Park Jae-Sang, alias Psy, 34 ans, a conquis des millions de personnes dans le monde avec «Gangnam style» et sa chorégraphie drôlatique créée sur une musique techno-pop, insipide mais entraînante.

Le clip a été visionné près de 360 millions de fois depuis sa mise en ligne sur YouTube le 15 juillet.

Numéro 1 quasiment partout en Europe et en Asie, Psy avait fait savoir qu'il était prêt à danser «à moitié nu» sur scène à Séoul jeudi s'il arrivait à prendre la tête du palmarès Billboard's Hot 100 des titres les plus populaires aux États-Unis.

Mais le succès stagne à la deuxième place derrière le groupe pop Maroon 5, avec son titre One More Night, selon le site web de Billboard. «Il faudra qu'il attende encore un peu pour enlever sa chemise», a plaisanté un responsable du classement.

Souriant, rondouillet, maniant sans complexe l'autodérision, Psy tranche avec les traditionnels représentants de la K-pop - la pop coréenne -, simples copies des boys band anglo-saxons.

Sur des paroles en sud-coréen, le chanteur, engoncé dans des smokings trop étroits, se déhanche en imitant un cavalier sur sa monture, entouré de belles filles, dans un décor de club luxueux, de manège d'équitation et de cours de gym pour riches oisifs.

«Gangnam» est le nom du quartier chic de Séoul, connu pour ses boutiques de luxe, ses bars branchés et ses restaurants fréquentés par les célébrités et les mondains. Le pendant sud-coréen de Beverly Hills, selon Psy.

Il a lui-même grandi dans ce quartier, dans un milieu aisé, avant de partir étudier au Berklee College of Music de Boston.

Plusieurs médias occidentaux ont attribué une partie de son succès à la permanence de clichés anti-asiatiques.

«C'est juste une vidéo triviale dans laquelle un homme grassouillet danse de façon comique et chante des paroles répétitives que la plupart d'entre nous ne comprenons pas», écrivait récemment le très sérieux Guardian à Londres.

Le stéréotype du petit Asiatique «replet et inoffensif» perdure et «il est difficile d'échapper au sentiment désagréable que ce stéréotype participe de ce qui nous fait rire avec Gangnam Style», ajoutait le journal.

Psy revient d'une longue tournée promotionnelle aux États-Unis. Il a multiplié les apparitions publiques, aux MTV Awards et dans les émissions les plus populaires de la télévision américaine, qui ont dopé sa notoriété.

Son clip a été parodié à l'envi sur le net, de la Marine thaïlandaise à des détenus philippins en passant par l'émission américaine Tonight Show - en mode élection présidentielle.

Le gouvernement nord-coréen, Uriminzokkiri, l'a même détourné à des fins de propagande en réalisant un montage grossier de Park Geun-Hye, première femme lancée dans la course à la présidence en Corée du Sud et fille de l'ancien dictateur Park Chung-Hee.

Psy a signé un contrat avec l'agence du chanteur canadien Justin Bieber mais il est encore loin de ses statistiques, et notamment des 800 millions de vues sur YouTube du titre Baby

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