Bori ne se cache plus le visage, mais il ne fait toujours rien comme les autres. Il le prouve cet automne en lançant Balade, premier volet d'une trilogie dont les deux autres titres seront Salade et Malade.

Le projet est fou, Bori en est conscient. «Il y a un tiers du chemin parcouru», soupire-t-il. Les trois CD proposeront des univers aussi différents que possible. Balade, qui ouvre le bal, sera probablement le plus accessible, avec ses mélodies jazzées. Les magnifiques choeurs de Judi Richards, Monique Fauteux et Karine Deschamps, les envols de clarinette d'Yvan Belleau, l'orgue de Jean-François Groulx, tout contribue à faire de Balade une oeuvre dans la pure tradition de la chanson française, pas très loin de Reggiani et Jean Ferrat - à quelques exceptions près.

«C'est vrai que je voulais quelque chose d'intemporel, dit Bori. Dans ce disque, la voix et la parole sont en avant et la musique est là pour éclairer les textes.» Des textes «lucides et naïfs» qui parlent d'amour, de non-rencontres et de la vie qui passe. «Il faut garder l'espoir et un petit sourire, sinon ça ne vaut juste plus la peine de continuer», croit celui qui se décrit comme un «joyeux pessimiste».

Balade est donc un disque homogène. C'est ce que voulait Bori, qui entend nous préparer tout en douceur à ses deux disques suivants. Salade, qui est en production et doit sortir en février, sera plus éclaté et fait de collaborations. «Je chanterai des chansons que j'ai toujours rêvé de chanter. J'inviterai des gens à composer des musiques, à écrire des textes. Je pourrai chanter en duo sur certaines pièces. Tout est possible.»

Quant à Malade, il sera «asilique», avertit Bori. «Je vais tout faire tout seul, d'un bout à l'autre, comme un savant fou....» Pour le créer, il ira s'isoler en France pendant un mois cet hiver. La sortie est prévue pour avril.

«Je n'ai jamais travaillé avec un échéancier. Mais là, je n'avais pas le choix, si je ne veux pas faire un Pagliaro de moi!» Bori ne s'attend pas à faire de gros succès radio, mais espère continuer de rendre son public heureux. Il fait son petit bonhomme de chemin, ici comme en Europe francophone. Il a d'ailleurs assuré la première partie de Jacques Higelin en France l'an dernier, donnant parfois jusqu'à 1h15 de spectacle. «Higelin est toujours en retard... Une fois, j'ai joué super longtemps devant une foule de 900 personnes qui écoutaient parfaitement. L'entracte a duré plus d'une heure, Higelin est arrivé à 23h et a chanté jusqu'à 4h. Et la salle était encore pleine!»

Il l'admet: sortir trois disques coup sur coup en moins d'un an a un petit côté suicidaire. Mais Bori a «des choses à faire» et assume sa témérité. «J'ai arrêté ma carrière de golfeur professionnel parce que je devais faire des chansons. Cet appel était plus fort que tout. Si je fais trois disques, c'est parce que j'en porte trois en moi. De toute façon, je vais toujours préférer les chemins de traverse aux autoroutes.»

Pour souligner le lancement du disque aujourd'hui, Bori invite le public à une journée portes ouvertes qui nous donnera accès, dit-on, à ce qui se passe dans sa tête. Un «musée éphémère», animé par l'équipe de Moment Factory et inspiré de l'univers de Bori, qui aura lieu de 13h à 19h au 6250, rue Hutchison, 3e étage.