En salle, le Festival international de jazz de Montréal a été inauguré pour la 33e fois hier, et pour la première fois à la Maison symphonique de Montréal. Avec pour soliste «l'un des cinq plus grands musiciens vivants sur terre», selon André Ménard, directeur artistique et cofondateur de l'événement. Inutile d'ajouter qu'il était sur scène avec son comparse Alain Simard afin d'y présenter l'accordéoniste Richard Galliano et son quintette à cordes.

Tango pour Claude, un hommage à feu Nougaro imaginé par Galliano, a dressé la table. On savait d'ores et déjà qu'on aurait droit à la grande qualité. S'ensuivit Petite Suite Française, un autre cru de Galliano, mélange de musette français, de jazz moderne et de musique de chambre.

Jean-Sébastien Bach viendra au second service de ce faste banquet. L'accordéon y campera le rôle d'un autre clavier dans le mouvement lent du Concerto pour clavecin, cordes et continuo No 5 en fa mineur BWV 1056, avant d'incarner un instrument à anche double pour les trois mouvements du Concerto pour violon et hautbois en do mineur BWV.1060.

Comme Galliano l'avait annoncé en interview, l'accordéon peut non seulement s'intégrer à la musique de Bach sans qu'on y ressente une intrusion inopportune, mais encore peut-il y jeter un autre éclairage. De par la texture particulière de l'accordéon, de par les sonorités qui s'échappent de ce poumon musical, de par la dynamique intrinsèque de l'instrument, Bach ressurgit de manière différente à nos oreilles.

Avant les desserts (les rappels si vous préférez), le dernier service sera consacré à feu Astor Piazzolla, passé à une autre dimension il y a déjà 20 ans. Extrait de la bande originale de Sur, Automne Porteno, Oblivion et Esqualo s'alignent dans un ordre approprié.

Sans se rouler par terre, on ne pourra émettre aucun bémol sur l'équilibre entre les parties solo de l'accordéon et la contribution rigoureuse du quintette à cordes recruté par Richard Galliano.

Soliloque au premier rappel, l'accordéoniste nous livrera sa propre vision de Libertango, brillante adaptation de cette oeuvre monumentale du répertoire piazzolien. Commencé par une évocation de la chanson française, le concert se terminera dans le même esprit: La Javanaise de Gainsbourg, jouée par l'accordéon et les cordes, le tout coiffé par une participation fervente de l'auditoire qui en aura entonné le refrain.