Beck ne s'était pas produit à New York depuis quatre ans. Ses spectacles sont plutôt rares, malgré les multiples offres qu'il reçoit. Chaque année, les responsables du festival Osheaga lui lâchent un coup de fil, mais le chanteur décline l'invitation.

Sa présence à elle seule valait le détour au festival Governors Ball, auquel nous assistions le week-end dernier, à New York. Beck, accompagné des musiciens avec qui il a fait le superbe et mélancolique album Sea Change, il y a 10 ans, était axé sur les guitares.

Sous son chapeau de suède, le chanteur et multi-instrumentiste au visage juvénile a lancé le bal avec Black Tambourine. De Sea Change, le public a eu droit à un superbe triplé, avec The Golden Age, Lost Cause et Sunday Sun.

En symbiose avec son guitariste, le vétéran Smokey Hormel, et son coloré bassiste, Justin Meldal-Johnsen, Beck a donné un souffle funk et root à ses titres aux influences «rap-électro». Cette formule organique et non électronique ajoutait une musicalité groovy à son tout premier tube, Loser, tout comme à Devil's Haircut, Novacane et Where It's At - dont le refrain dit: «I got two turntables and a microphone».

Danser sous une pluie fine

«Je n'ai pas de table tournante», a dit Beck. Beau paradoxe qui démontrait justement à quel point son génie musical a de multiples facettes.

La foule dansait joyeusement sous de fines gouttes de pluie. Nous aussi, en nous disant que Beck est l'un des musiciens les plus marquants et influents des années 1990 et 2000.

Juste avant, Modest Mouse se produisait sur l'autre scène principale. C'était un plaisir de retrouver live la bande d'Isaac Brock pour tantôt rocker, tantôt se laisser bercer par ses chansons qui n'ont pas pris une ride, que ce soit Dashboard, Bury Me With it ou Heart of Mine.

Est-ce à cause de la politique de «non-chevauchement» du festival et du fait que les groupes devaient respecter scrupuleusement les temps de scène? On l'ignore, mais Modest Mouse n'a pas interprété son succès Float On. Qu'importe, le groupe de Portland était à la hauteur de nos attentes.

Plus tôt dans la journée, les gens ont savouré les nouvelles chansons de Fiona Apple, qui était tout en voix et davantage en symbiose avec ses musiciens que lors de sa prestation à Austin, au festival South by Southwest (SXSW).

Explosions In The Sky a fait vibrer la foule avec son puissant post-rock instrumental, alors que le chanteur de Cage The Elephant avait une énergie punk-grunge à réveiller les morts.

Une foule plus jeune

La journée de samedi avait attiré une foule plus jeune, davantage axée sur la fête que sur la musique. Il faut dire que la programmation était moins rock et plus dansante, avec Santigold, Major Lazer, Kid Cudi ainsi que James Murphy et Pat Mahoney (anciennement de LCD Soundsystem), qui ont fait un D.J. set très intéressant. Remixer à la sauce disco Harvest Moon de Neil Young? Pourquoi pas!

Chromeo était aussi en grande forme. Le groupe ne s'était pas produit à New York, «sa deuxième maison», depuis un bon moment. C'était impressionnant de voir à quel point les spectateurs savaient les paroles par coeur des Fancy Footwork, Momma's Boy, Hot Mess ou Night By Night. Et que dire des six belles choristes qui dansaient de façon synchro et sexy au son de la musique... Merveilleusement kitsch!

Le frère de Dave 1, A-Trak - de leurs vrais noms David et Alain Malkovich -, suivait sur l'autre scène principale avec son projet Duck Sauce, mené avec le D.J. Armand Van Helden. Leur set était contagieux et efficace. Au moment où le soleil cuisant se couchait, la foule dansait le sourire aux lèvres et le poing en l'air avec une énergie qui a atteint son paroxysme au tube Barbra Streisand.

Passion Pit a également interprété plusieurs titres de son nouvel album qui sortira le 24 juillet, tout juste avant sa prestation au festival Osheaga. À la première écoute, cela semble prometteur.

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Governors Ball en est seulement à sa deuxième année, avec une foule estimée à 20 000 personnes par jour. Comme dirait Dave 1, de Chromeo, c'est un «festival boutique», car il n'y a pas d'artistes de série B. L'événement a lieu dans une île, donc la balade en bateau de Manhattan pour s'y rendre est une belle valeur ajoutée à l'événement. Surtout quand le soleil est radieux, comme ce fut le cas.

Conclusion? Bonne musique, bien du plaisir et beau festival.

EN RAFALE

> Yann Perreau lancera un nouvel album, À genoux dans le désir, dont les chansons sont inspirées de textes inédits de Claude Péloquin. Chanté en duo avec Catherine Major, le premier extrait s'intitule Vertigo de toi, et on peut l'écouter sur le site web de Yann Perreau.

> Le 6e Salon de guitare de Montréal aura lieu de vendredi à dimanche. Plus de 160 exposants seront présents, dont plus de 140 luthiers acoustiques et électriques. Des spectacles de guitaristes de renom (Kelly Joe Phelps, Philip Catherine, Larry Coryell) font aussi partie de la programmation.

SORTIES DE LA SEMAINE

Living Things, Linking Park

Overexposed, Maroon 5

Days Go By, The Offspring

Throw It To The Universe, The Soundtrack of Our Lives

R. Kelly, Write Me Back

The Duke, Joe Jackson