Béatrice Martin était visiblement émue tout au long de son concert de vendredi au Métropolis. Elle avait chanté sur la même scène trois jours plus tôt, et en avait profité pour tester son audacieuse version voix et cordes des Sentiments humains de Pierre Lapointe. Mais cette fois, c'était vraiment la der des der de la tournée Blonde abrégée pour cause de maternité prochaine.

De sa première intervention, après Verseau, jusqu'à la dernière avant de boucler la boucle avec Adieu, elle a répété combien cette soirée était spéciale pour elle qui «roule constamment depuis trois ou quatre ans». Elle en a profité pour remercier toute son équipe, le public qui l'a adoptée et suivie et ses formidables musiciens avec lesquels elle a «partagé des moments intimes... d'une certaine façon.»

Coeur de Pirate n'aurait pu tirer sa révérence de plus belle façon. Cet ultime spectacle a fait la preuve une fois de plus de la fulgurante évolution de cette musicienne qui, ne l'oublions pas, n'a que 22 ans, et pour qui tout est désormais possible. D'une présence à l'autre aux Francos - en 2008, avant Benjamin Biolay, au Club Soda, l'année suivante à l'Astral, puis en 2010 sur la grande scène d'une place des Festivals arrosée - elle a visiblement pris du galon, mais il lui manquait ce petit quelque chose - appelons ça l'assurance, le métier - qui fait qu'un spectacle transcende un disque. Cette fois, ses chansons, même les plus récentes,  sont enrichies sur scène, portées par une chanteuse dynamique et en voix et des musiciens qui leur donnent plus de relief et de nerf. Les chansons des deux disques se glissent naturellement l'une dans l'autre et forment un tout, comme La vie est ailleurs qui trouve sa place entre entre deux autres chansons au charme rétro, Verseau et Ava.

Quand la chanteuse doit s'absenter de la scène un moment, son groupe prend la relève et tricote une délicieuse intro de guitares ambiantes en crescendo pour Les amours dévouées. Il donne également à la finale d'Adieu une intensité rock qui lui va plutôt bien.

Soulignons enfin l'apport du Quatuor Molinari, dans Les sentiments humains évidemment, mais aussi dans C'était salement romantique, La petite mort et la somptueuse Place de la République, où Emmanuel Éthier a troqué sa guitare électrique pour un violon.