Après le succès de son livre de mémoires Just Kids, la poétesse rock américaine Patti Smith publie lundi Banga (Columbia/Sony), un disque vibrant, nourri de sa soif de culture et de découvertes, qui signe son retour en studio après huit d'absence.

Ces dernières années, l'icône du rock underground new-yorkais est apparue à de nombreuses reprises sur scène et dans les galeries pour des concerts, des lectures en hommage à Arthur Rimbaud ou des expositions de ses photographies.

En 2007, elle a enregistré un album de reprises Twelve, puis a publié en 2010 une autobiographie sur sa relation avec le photographe Robert Mapplethorpe Just Kids, acclamée par la critique.

Mais la chanteuse n'était plus retournée en studio pour un album de chansons originales depuis 2004 et Trampin', un disque fortement inspiré par le décès de sa mère.

Patti Smith, qui aime tisser des histoires avec les fils de sa vie, a enregistré Banga dans les studios de Jimi Hendrix à New York, ceux-là même qui ont vu la naissance de son premier album Horses en 1975.

Le disque peut s'écouter comme un livre ouvert où la conteuse partage librement ses réflexions sur le monde et ses sources d'inspiration avec l'auditeur.

Patti Smith s'est ainsi visiblement immergée dans la culture russe au moment de l'écriture de ce onzième album studio.

Premier extrait de Banga, April Fool, une ballade rock aux accents presque country, est inspiré par l'écrivain Nicolas Gogol, tandis que Tarkovsky (the second stop is Jupiter) fait référence au cinéaste Andreï Tarkovski.

Quant au titre de l'album Banga, il s'agit du nom du chien dans le roman Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov.

Amis et fantômes

Mais les sources d'inspirations de la poétesse de 65 ans s'étendent bien au-delà de l'Oural.

Le lumineux et plein d'espoir Amerigo suit Amerigo Vespucci dans le voyage qui l'emmena à la découverte un nouveau monde.

Fuji-San est «un prière rock pour le peuple japonais après le tsunami, pour demander au Mont Fuji de veiller sur lui», a-t-elle expliqué à la presse.

L'impressionniste Constantine's Dream, un des grands moments de l'abum, est une méditation de plus de 10 minutes sur «l'environnement, le matérialisme et Saint-François d'Assise, qui était un si belle personne».

Banga est aussi traversé d'amis et de fantômes. Nine est un cadeau d'anniversaire pour Johnny Depp, qui fait une apparition sur l'album, tout comme les enfants de Patti Smith, Jackson et Jesse, son complice Tom Verlaine (ex-Television) ou son collaborateur de longue date Lenny Kaye.

This is my girl est un hommage à Amy Winehouse, dont la mort est survenue pendant l'enregistrement de Banga, sur un air soul que n'aurait pas renié la diva britannique.

Quant à Maria, elle est dédiée à l'actrice Maria Schneider, décédée en février 2011, et qui était une des proches de Patti Smith au moment de Horses.

Musicalement, Banga est une réussite, mêlant ballades dépouillées, guitares saturées et influences free-jazz ou world.

La voix de Patti Smith sait s'y faire claire et mélodieuse, aussi bien que rêche et incantatoire.

Pour accompagner la sortie de l'album, Patti Smith partira en tournée cet été. Bien que la chanteuse se produise régulièrement dans l'Hexagone, aucune date n'est encore programmée en France.