Soixante ans et 70 millions de disques plus tard, l'éternelle interprète de Downtown rapplique avec un disque français écrit et composé avec la crème de Paris.

«Je ne voulais pas remonter sur scène juste pour chanter mes vieilles chansons»... Paris réclamait Petula Clark, celle qui, il y a déjà 50 ans, était «la plus française des chanteuses britanniques». Avec des tubes comme Marin et Coeur blessé, Chariot et Que fais-tu là, Petula? Ici, elle avait été l'une des premières véritables stars internationales applaudies dans le Québec de la Révolution tranquille.

En janvier 1965, Petula Clark - père anglais, mère galloise - était à Montréal pour une semaine de spectacles à la Comédie Canadienne (aujourd'hui le TNM) pendant que sa chanson Downtown, qui lui vaudra un Grammy, montait à la première position du palmarès américain. Et alors que la rousse dame poursuivait la tournée montée par l'impresario Guy Latraverse à Québec, Trois-Rivières, Shawinigan, Chicoutimi et Victoriaville, des paroliers se penchaient sur des versions de Downtown en allemand, en italien et en français : Dans le temps...

Soixante-dix millions d'albums plus tard et des musicals triomphants à Londres, New York et Las Vegas, Petula Clark, 80 ans l'automne prochain, revient avec un album français intitulé simplement Petula. «Toujours entre deux voyages et n'ayant pas de contacts avec les nouveaux auteurs français, j'avais un peu tardé à trouver des chansons, nous expliquait-elle cette semaine, en entrevue de Paris. Mais voilà que les chansons se sont mises à arriver, parfois sur des bouts de papier pendant que j'étais en studio!»

La plupart des pièces ont eu un parcours plus formel... Elle a écrit Pour être aimée de toi avec Charles Azvavour et ils chantent ensemble - une première pour ces deux grands - Les vertes années, un duo aux accents celtiques. La vie comme elle passe lui est venue d'Adamo et Benjamin Biolay, Victoire 2010 de l'interprète et de l'album de l'année en France, lui a écrit Ton coeur est dans le mien : «Quelque part dans mon coeur/Il reste un peu de toi...»

Chante-t-on les mêmes chansons à 30 ans, à 60 ans et après? Change-t-on d'approche sur le propos? «Je n'ai pas trop pensé à ça.... Il y a des chansons légères comme Histoires à l'eau de rose et d'autres comme Sous ma chemise de Michel Legrand (paroles d'Alain Boulbil, librettiste des Misérables). Chacune me permet d'exprimer une facette différente de la femme que je suis, une femme qui n'est pas heureuse tous les jours, qui doit composer avec le monde autour d'elle.»

Mme Clark, cela dit, n'a rien de la misérabiliste comme on peut l'entendre dans Someday, écrite sur une musique de Ben l'oncle Soul, qui a triomphé ici l'été dernier pendant le Festival de jazz. «Ben a insisté pour qu'on chante en anglais. Quelle voix!»

Celle de Petula Clark se marie parfaitement à la musique de la ballade La lumière a dit, la première pièce qu'elle a choisie, de la même manière que les paroles de Tom Graffin semblent résumer sa vie : «Des millions de fois/De Londres à Paris/Sauve-toi du noir/Prends ton paradis.»