Trois mois après la sortie de son premier album en 10 ans, The Cranberries passait par Montréal, mardi soir. Le groupe irlandais ne remplit plus le Centre Bell comme à la belle époque du rock alternatif, mais le quatuor se produisait tout de même au Métropolis à guichets fermés.

La bande de Dolores O'Riordan a offert un spectacle généreux de près de 25 chansons. Pour le public surtout composé de trentenaires et quarantenaires, c'était une soirée nostalgique où l'on oublie sa vie actuelle pour se replonger avec bonheur dans  le passé.

The Cranberries a touché les cordes sensibles du public  en brisant la glace avec  Dreams et Linger, deux titres qui figuraient sur son tout premier album intitulé Everybody Else Is Doing It, So Why Can't We?, sorti en 1993. C'est un titre paradoxal («Tout le monde le fait, donc pourquoi pas nous?») quand on voit plusieurs groupes ressurgir des années 1990, dont Garbage qui fera aussi un retour avec un nouvel album la semaine prochaine. The Cranberries a seulement  fait une poignée de titres de son sixième disque Roses, sorti en février dernier, dont Tomorrow, Schizophrenic Playboys, et Conduct, qui a lancé le rappel.

Ce n'était pas le public qui allait en tenir rigueur au groupe irlandais, lui qui attendait surtout les grands succès des Cranberries. Ils ont été bien servi avec les I Can't Be With You, When You're Gone, Animal Instinct et bien entendu Zombie. Ce n'était pas un spectacle magique, mais le public était ravi. The Cranberries enfilait ses hits avec Dolores O'Riordan qui animait la foule tout en carburant à l'énergie obtenue en retour. Son look  noir et argenté goth-métal contrastait avec le look «Gap» de ses camarades musiciens, accompagnés pour la tournée d'un claviériste et d'une choriste. La chanteuse était généreuse envers le public à qui elle a beaucoup parlé en français («Merci les amis. Vous êtes gentils et vous rock»), mais ce qu'elle danse maladroitement...

À l'inverse, c'est avec une grande fougue rock que Dolores O'Riordan -dont la voix virevoltante d'oiseau était somme toute assez juste- a empoigné une guitare pour quelques pièces. D'un succès des Cranberries à l'autre, c'était frappant de constater à quel point le rock des années 1990 était axé sur les mélodies, alors qu'à l'heure actuelle, l'emphase est mise sur les ambiances, les arrangements et l'habillage sonore.

Il n'y a rien de plus efficace qu'un bon vieux riff d'un classique nineties, que ce soit celui d'Ode To My Family ou Free To Decide. Il fallait voir les spectateurs être au diapason au son des accords de Zombie, qui reste l'un des hymnes rock les plus rassembleurs des années 1990. Pour clore la soirée, The Cranberries a réservé au public Salvation. Au final, le spectacle du quatuor irlandais aura été solide sans être renversant. C'était un agréable retour dans le temps, une soirée où l'on se remémore le bon vieux temps.

Chapeau au groupe pour qui a su cumuler de nombreux succès, qui sont de loin plus mémorables que le spectacle donné mardi soir au Métropolis.