On la connaissait comme la dynamo de la formation Vénus 3... Puis le grand public l'a perdue de vue. Quelques années et un coeur brisé plus tard, Vicky Martel reprend du service en solo. Et elle n'a rien perdu de son énergie!

C'est bien une rupture amoureuse qui a poussé la chanteuse originaire de Québec à reprendre la plume pour créer l'album Ton départ, arrivé dans les bacs le 1er mai. Ironiquement, c'est avec la complicité de son actuel conjoint et complice musical, Sébastien Daigle, qu'elle exorcise cette précédente relation.

«Moi, je suis quelqu'un qui écrit beaucoup après la douleur et non pendant. J'ai besoin d'un recul pour imager tout ça», note, volubile, l'artiste qui dit s'être aussi inspirée de son entourage dans l'écriture de ces 12 nouvelles chansons. «J'ai voulu parler des trentenaires que nous sommes, qui ont un pied sur le break et l'autre sur le gaz, qui ont donc de la misère à se brancher dans la vie, résume-t-elle. C'est un album autobiographique au pluriel parce qu'il y a d'autres personnes d'impliquées!»

Prendre son temps

Du temps de Vénus 3, au tournant des années 2000, Vicky Martel et sa bande ont connu un beau succès grâce à un ska-rock pimpant - dont le succès L'une va sans l'autre - et des performances scéniques bien dégourdies. Les années ont passé, les projets parallèles se sont multipliés, mais le groupe a mis du temps à se dissoudre. «Notre dernier show remonte à 2007. Mais, à cette époque, on jouait deux fois par année», relate la chanteuse.

Parolière et figure de proue de la formation, Vicky Martel aurait pu se lancer plus vite en solo. L'artiste n'a toutefois pas voulu se presser. «Je n'aurais pas pu lancer un album tout de suite après Vénus 3. Je n'étais pas là pantoute. J'avais le goût d'avoir un vrai élan créatif avant de refaire quelque chose», explique celle qui dit avoir apprécié son temps «dans l'ombre».

«Ma soeur s'inquiétait. Elle pensait que je vivrais un petit down après Vénus, quand les gens arrêteraient de me reconnaître au restaurant, raconte-t-elle. Ça ne m'a pas manqué. Moi, je suis une tripeuse de musique. C'est pour ça que je fais ce métier.»

Dans l'ombre

Elle s'est faite moins visible, donc, mais la chanteuse n'a pas manqué de musique... et elle n'a jamais arrêté d'en faire. Il y a eu Killing Venus, projet en anglais élaboré avec des collègues de Vénus 3. Elle a prêté sa voix à Karmadoza, qui lui a donné l'occasion de reprendre, avec trois ex-Groovy Aardvark, des chansons des B-52's à la sauce stoner. Elle a aussi joué les choristes-claviéristes avec Plastik Patrik et les Brutes. À travers tout ça, elle cite sa «vache à lait», Young Soul, un groupe de reprises qui lui permet de gagner sa vie en chantant dans les bars.

À deux

Un coeur blanc fendu d'un éclair orne Ton départ, le premier album solo de Vicky Martel. La chanteuse semble toutefois filer le parfait bonheur avec son amoureux, Sébastien Daigle, avec qui elle cosigne toutes les chansons. «Le coeur de la pochette, il peut se recoller!», rigole celle qui dit avoir hésité un peu avant de concilier son couple et sa création. «D'où le temps que ça a pris avant de faire de la musique en amoureux. Tu ne veux rien briser... Mais, à un moment, je me suis dit: «Eille, la mère, réveille! Il y a assez de talent sous notre toit pour qu'on se lance!» «, s'exclame la chanteuse spontanée, qui donne maintenant dans un cocktail mordant de rock et d'électro.

Sébastien Daigle a intimement participé à la création de Ton départ, mais il refuse de s'accorder trop de mérite. «C'est son album. Ses textes n'ont jamais été aussi personnels», assure le multi-instrumentiste, qui aime bien se décrire comme un «coffre à outils» musical. «T'as besoin de quoi, on va le trouver!», s'esclaffe-t-il. À deux, dans l'intimité de leur foyer, les musiciens ont réussi à tout faire eux-mêmes, même gérer «la bureaucratie» qui vient avec l'autoproduction d'un album.

Maintenant, il leur tarde de présenter leur projet sur scène. Et pas question pour Vicky Martel de se mettre de la pression sur les épaules. «Je suis à une étape dans ma vie où je me dis: qui m'aime me suive», lance-t-elle. De toute façon, on ne sauve pas des vies, on fait de la musique. On est là pour divertir ceux qui veulent prêter l'oreille.»

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VICKY MARTEL

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