Au beau milieu du concert généreux qu'il donnait au Centre Bell hier soir, Bryan Adams a déclenché la frénésie des 15 815 fans dans les gradins. Le riff de guitare, le rythme entraînant, les paroles simples que tout le monde chante sans se faire prier, Summer of 69 était en quelques minutes à peine le parfait condensé de ce qui permet encore au pop-rockeur blond canadien d'emplir des arénas.

Rares sont ceux qui lui auraient prédit une si longue carrière quand il a connu ses premiers succès dans les années 80. Mais à défaut d'être original, Bryan Adams avait plusieurs atouts dans son jeu.

Il nous l'a rappelé dès le début du concert d'hier. D'abord, le riff à la AC/DC de House Arrest pour faire plaisir aux gars que les filles, nombreuses, avaient traînés au Centre Bell. Puis la première incontournable, Somebody, pour s'assurer que la chorale de fans était bien au rendez-vous. Et, Montréal oblige, la chanson Me voilà, version française de Here I Am, tirée du film Spirit, l'étalon des plaines.

Par la suite, Adams nous a fait le coup du rockabilly, un genre auquel convient tout à fait sa coupe de cheveux à la Mad Men. C'était Kids Wanna Rock, une chanson à clichés efficace tout à fait en phase avec le credo d'Adams, 18 'Til I Die, l'hymne de l'éternel ado qu'il a chanté un peu plus tard.

Adams peut se permettre de balancer coup sur coup Summer of 69, la ballade Everything I Do I Do It For You, qui a encore fait chavirer ses admiratrices de (presque) tous les âges, et la rassembleuse Cuts Like a Knife, tout en se gardant des munitions pour la fin... et le rappel. En jeune cinquantenaire bien élevé, il peut s'adresser à son public montréalais en français, puis s'amuser ferme avec une jeune fan d'origine indienne - Adams est big en Inde! - qu'il fait chanter avec lui.

Tout de suite après, toutes les envieuses qui n'avaient pu monter sur scène ont entonné Heaven avant même qu'Adams ne commence à chanter.

Ajoutez à cela un chanteur dont la voix singulière est intacte, un band de vieux pros, dont le guitariste complice Keith Scott, et un immense écran utilisé aussi sobrement qu'efficacement comme toile de fond et vous n'aurez que la pointe du début d'une idée d'à quel point la soirée d'hier a été réussie.

Bon, après plus de deux heures, ça s'est terminé par la sirupeuse All For Love, qu'il a chantée seul sous un ciel de téléphones scintillants. Mais à ce stade-là, on était prêt à tout lui pardonner.