Le Festival Musique Multi-Montréal investit de nouveau la Plaza St-Hubert jusqu'à samedi prochain avec sa programmation faite de rythmes du monde, de chanson et de jazz. Inauguration ce soir au Théâtre Plaza en compagnie du folkloriste Nicolas Pellerin& Les Grands Hurleurs et du groupe MAZ, qui offre sa propre définition du renouveau trad québécois.

Maz se situe «entre jazz modal électrique et musique traditionnelle québécoise acoustique», nous précise son fondateur, le compositeur et guitariste Marc Maziade. Fusion de jazz et de trad? Évidemment qu'on songe à la Bottine Souriante, qui a connu ses beaux jours en équipant sa musique festive d'une rutilante section de cuivres façon big band.

«La Bottine est allée chercher l'époque swing du jazz, ajoute Maziade. Ce faisant, ils rappelaient l'époque où le jazz était une musique de danse, et c'est là à mon sens le lien de parenté primordial entre notre musique traditionnelle et le jazz: la danse.»

Et avant la Bottine, feu Yves Albert, autre précurseur de la rencontre entre jazz et tradition québécoise, ainsi que les enregistrements du violoneux Jos Bouchard, «si tu veux remonter plus loin dans le temps», dit Maziade. «À l'époque où il enregistrait [de la fin des années 30 à la fin des années 50], il se faisait accompagner par un guitariste, dont on reconnaît la touche jazz, la «walking bass», les motifs. C'est clairement une de mes inspirations.»

Là où la Bottine Souriante cherchait à user nos semelles, MAZ tente de susciter un autre type d'écoute de la part de son auditoire. L'approche du quartet, explique le fondateur, «est davantage inspirée de l'ère «cool jazz», pour ainsi dire. C'est un voyage plus méditatif, qui ne renie cependant pas le côté dansant des deux styles musicaux. Côté jazz, nos influences sont plus électriques, voire même funk, façon Herbie Hancock.»

La démarche, ajoute Maziade, est très inspirée du new grass revival des années70 et 80 défendu par Béla Fleck, ou encore de la modernisation du répertoire klezmer opérée par un John Zorn. Mais restons humbles: si MAZ n'atteint pas le niveau de virtuosité du premier, ni la vision avant-gardiste du second, la proposition est par contre aussi séduisante que pertinente.

«L'idée n'est pas de transformer la musique traditionnelle québécoise ou d'en faire des collages avec d'autres genres musicaux, mais plutôt de la rendre moderne à nouveau. Comment amener la musique traditionnelle ailleurs sans pour autant la métisser, la maquiller?»

Des musiciens bien enracinés

Fondé en 2007 grâce à une invitation lancée par le festival Sainte-Rose en Blanc au Lavallois Maziade, MAZ est le produit de quatre musiciens bien enracinés dans les scènes jazz et world montréalaises. Le violoniste et mandoliniste Pierre-Olivier Dufresne peut être entendu au sein de Gadji Gadjo. Benoît Coulombe, à la contrebasse, et Gabriel Godbout-Castonguay, claviers et Rhodes, rencontrés à l'université, baignent tous deux dans la scène jazz montréalaise.

«Ado, j'ai fait de la musique populaire. Puis un DEC en musique classique, un bac en arrangement jazz à Concordia, puis une maîtrise en composition à l'Université de Montréal qui portait sur la composition de musique traditionnelle.» C'est à travers cette trajectoire éclectique que Marc Maziade a découvert des liens entre le jazz modal, la musique classique et la musique traditionnelle québécoise.

«À force de m'éparpiller partout, j'ai fini par trouver un sens à ce projet. MAZ, c'est l'opposition entre le côté acoustique, celtique, de la mandoline et du violon, et le jazz plus exploratoire, moderne et électrique de la guitare, du Moog, du Rhodes.»

Peu connu ici, MAZ a pourtant déjà été remarqué sur le circuit folk. Son premier disque, Télescope, paru l'année dernière, était en nomination aux Junos dans la catégorie Meilleur album - instrumental. Un second disque est déjà en chantier, et le quartet a déjà les yeux rivés sur le circuit des festivals folk pour répandre sa captivante vision de notre héritage musical.

MAZ, ce soir à 20h au Théâtre Plaza. Deuxième partie: Nicolas Pellerin

À ne pas manquer au Festival MMM

- Grand Concert MMM de samedi prochain

En clôture du Festival Multi-Montréal, on nous sert le klezmer façon jazz avec l'ensemble Nozen (avec Samian Nisenson au saxophone, Bernard Falaise à la guitare, Pierre Tanguay à la batterie, entre autres), qui proposera de nouvelles compositions, accompagné pour une première fois de la chanteuse Michelle Heisler. La première partie sera assurée par l'orchestre Mehdi Nabti&Nass Lounassa et la chanteuse Irem Bekter.

- Lancement de l'album Egologico Recycle de Rommel Ribiero

Dans la série Les Étoiles montantes du festival, présentée au Petit Medley, on ira découvrir la chanson du jeune Montréalais aux racines brésiliennes Rommel Ribiero ce lundi, 20h. Dans la grande lignée des étoiles du MPB que sont Veloso, Lenine et Gil, Ribiero expose sa pop lusophone dans un kaléidoscope d'influences africaines, latines,

afro-américaines et jamaïcaines.

-  6@8 Jazz du Monde

Le bon plan de cette présentation du Festival: quatre spectacles gratuits présentés au Gainsbarre à l'heure de l'apéro. Dans l'ordre: le trio du pianiste d'origine guadeloupéenne Sylvain Ransy (dimanche), le duo formé par Nathalie Cora et Diely Mori Tounkara (lundi), l'afrojazz du trompettiste Elias Kokou Damawou (mardi) et, enfin, le trio de Harold Faustin. Vous a-t-on dit que c'était gratuit?

Infos: www.festivalmmm.ca