Ceux qui ne connaissent pas beaucoup Esperanza Spalding - et bien peu savaient qui elle était avant sa victoire-surprise aux Grammy, l'an dernier - pourraient être portés à croire que son dernier album, Radio Music Society, représente une tentative, pour cette artiste de jazz, de passer du côté de la musique populaire.

Certains éléments de l'album pourraient certes permettre de tirer cette conclusion. Il s'agit de son disque le plus accessible, avec des airs r&b et la collaboration du rappeur Q-Tip. On y retrouve même une reprise d'une pièce de Michael Jackson.

Mais ceux qui connaissent la chanteuse aussi bien que le renommé batteur jazz Jack DeJohnette, un des artistes invités de Radio Music Society, sauront que la bassiste, auteure-compositrice-interprète et productrice ne s'éloigne jamais beaucoup de ses racines jazz et n'est pas du genre à modifier son style pour rentrer dans un format.

«On y retrouve du jazz, mais c'est plus que ça. Je crois (que l'album) envoie un message voulant que, en jazz comme dans la pop, il est possible de faire plus en ce qui a trait à la musique, à l'art et à ce qu'on appelle »la prise de risques«», explique DeJohnette.

«Souhaitons que Radio Music Society inspirera les musiciens, de jazz comme d'autres genres, à s'ouvrir et à élargir leurs horizons», ajoute-t-il.

C'est d'ailleurs ce que Spalding elle-même avait en tête lorsqu'elle a préparé l'album, puisqu'elle croit que la musique en général bénéficie des projecteurs.

Il faut dire que les projecteurs se sont braqués sur elle lorsqu'elle a remporté, en 2011, le Grammy de la révélation de l'année devant des personnalités comme Justin Bieber et Drake. Sa victoire dans cette catégorie - une première pour une artiste jazz - a créé une onde de choc dans l'industrie de la musique, catapultant du même coup Spalding dans l'univers pop.

Peu après, elle ne faisait plus que les couvertures de publications comme Jazziz, mais aussi celles de People et Vogue. Plus tôt cette année, les organisateurs des Oscars lui ont demandé de chanter What a Wonderful World pour un hommage aux grands disparus, donnant à la jeune femme de 27 ans une autre occasion de briller devant un grand public.

«Lorsqu'elle a eu l'emploi aux Oscars cette année, encore une fois, elle a pu être vue sous un jour nouveau en s'appropriant une chanson connue, raconte le dirigeant de sa maison de disques, Mark Wexler. Ça nous a donné un autre coup de pouce, à nous, mais aussi à elle, en lui permettant de se faire connaître de davantage de gens.»