Fille et musicienne de gang, Marie-Pierre Arthur a joué de la basse pour d'autres avant de sortir son premier disque. Trois ans plus tard, la jeune mère est de retour avec sa belle voix d'oiseau et Aux alentours, un album qui nous réserve de grands moments de musique.

«Ne l'attends pas, elle rentrera trop tard/Ferme les yeux, rassure-toi/Tu la reverras/Même de loin, elle te suit pas à pas.»

Si Gaële a écrit le texte de Fil de soie, la chanson ne pourrait pas être plus personnelle qu'à son interprète, une jeune mère appelée Marie-Pierre Arthur. «C'est un sujet trop près de moi pour que j'en parle. J'étais trop dans l'inquiétude de ça», dit la principale intéressée.

«L'inquiétude de ça», c'est l'inquiétude de laisser son enfant, la peur de ne pas lui donner assez ce dont il a besoin... la crainte de ne pas être à la hauteur sans renier qui on était. Devenir mère, «c'est le feeling de la liberté perdue, d'avoir peur de perdre ton équilibre ou de trop t'en permettre».

Trois semaines après avoir accouché d'un petit garçon, Léopold, il y a un an et demi, Marie-Pierre Arthur a donné un spectacle au Festival Osheaga. Autant elle a ressenti un sentiment intense de bonheur en montant sur scène, autant elle est rentrée à la maison encore plus débordante d'amour pour son enfant. La jeune femme avait atteint un état d'«équilibre», mot qu'elle répétera souvent en entrevue.

Dans la pochette de son disque, Marie-Pierre Arthur remercie son amoureux, le claviériste François Lafontaine (Karkwa, Galaxie). «Je t'aime après tous ces conflits d'intérêts», lui écrit-elle à la blague. Une nouvelle maison? Des rénovations? Les longues tournées de Karkwa loin de Montréal? «On avait tout ce qu'il fallait pour que ça pète!» Mais non, François a réalisé l'album de sa douce dans la complicité et l'harmonie, en plus de cosigner les musiques.

«Je faisais des trucs de mon bord, je les faisais écouter à mon chum et il me disait s'il aimait ou non, indique Marie-Pierre Arthur. L'ego n'existe plus entre nous et ça se ressent tout de suite quand quelque chose inspire quelqu'un.»

À écouter les 10 chansons d'Aux alentours, l'inspiration était loin de manquer. Une pièce comme All Right se termine dans un orgie sonore rassembleuse beatlesque, Les Infidèles est tout en douceur et en retenue, alors que les airs motown d'Emmène-moi coulent vers un refrain pop délicieusement eighties doublé de lap-steel.

À la première écoute d'Aux alentours, la richesse et l'amalgame des arrangements nous a donné l'impression d'un «hommage au rock». «Ce n'est pas un concept, mais ce n'est pas étranger à ce que j'écoute», dit Marie-Pierre Arthur, une grande fan des George Harrison, John Lennon, Billy Preston, Phil Spector et Queen. «Ça reste pop avec des twists d'époque.»

Voix d'oiseau

L'auteure-compositrice-interprète à la belle voix d'oiseau a gribouillé les premières traces de son album à l'automne 2010. «La création du début, ça reste toi toute seule avec des trucs que tu essaies... Puis quand des idées débordent autour, ça risque d'exister.»

En studio, des idées volaient tout partout autour de Marie-Pierre Arthur. En plus de François Lafontaine, les musiciens en résidence étaient Olivier Langevin et Robbie Kuster, qui ont reçu la visite de Joe Grass, Julien Sagot, Louis-Jean Cormier et José Major.

«Du gros plaisir! Quand quelqu'un arrivait avec une bonne idée, on tirait pas longtemps sur la couverte, lance Marie-Pierre Arthur. Je fais de la musique pour me sentir entourée, pour sentir que je donne. Je veux que ça sonne inspiré, que ça paraisse qu'on a du fun.»

Marie-Pierre Arthur a coécrit et fignolé les chansons du disque avec sa complice «débogueuse» Gaële, qui l'avait aussi épaulée pour son premier disque.

«Au début, c'est comme si ma voix et mes paroles ne voulaient pas cohabiter, comme si je n'étais pas capable de faire chanter ma voix qui fly. Gaële est bonne dans le remaniement de mots. Je peux lui demander de ramener une idée pour que ce soit clair en deux mots. Nous avons une technique qui nous appartient.»

La poignante ballade Une chanson pour Dan reprend l'introduction de la chanson Cloud des Barr Brothers -en hommage à Lhasa de Sela- que Jim Corcoran a traduite. Je me suis fait léger nuage/Et sans bruit j'ai glissé sous la lune/J'ai vu que tu dormais seul et tranquille.

«Je trouvais ça beau», dit simplement Marie-Pierre Arthur.

Au cours des prochains mois, elle devra apprivoiser la tournée et les spectacles avec son nouveau rôle de mère. Son album sortira également en France avec l'étiquette Polydor. «C'est juste de trouver un équilibre.»