Le parc Clark, situé dans le Mile End, pourrait bientôt porter le nom de la chanteuse Lhasa de Sela, qui a succombé à un cancer il y a deux ans, a appris La Presse.

Une demande d'appui au projet sera faite lundi prochain au conseil d'arrondissement du Plateau-Mont-Royal par le Comité des citoyens du Mile End. «C'était quelqu'un qui habitait le quartier, que beaucoup de gens connaissaient comme artiste, mais aussi comme citoyenne. Nous voulons célébrer sa mémoire», a expliqué Noëlle Samson, responsable de l'initiative.

Mme Samson en profitera pour déposer une pétition signée par environ 600 personnes favorables au projet. Ces signatures ont été recueillies lors des deux spectacles en hommage à la chanteuse donnés au Rialto les 6 et 7 janvier derniers. Une autre pétition signée par les commerçants du quartier devrait également être rendue publique.

Le dossier complet visant à rebaptiser le parc Clark a été déposé au mois de juin dernier au Bureau du patrimoine, de la toponymie et de l'expertise de la Ville de Montréal, qui n'a pas encore donné suite à la demande. Le Comité des citoyens du Mile End aimerait inaugurer le parc le 27 septembre prochain, date d'anniversaire de Lhasa de Sela, qui aurait fêté ses 40 ans.

Un long processus

La Ville de Montréal a confirmé que le dossier du parc Clark était toujours à l'étude. Le responsable des communications Philippe Rousseau a expliqué que le processus était long. «Une décision prise aujourd'hui fera partie du patrimoine toponymique de la Ville pour très longtemps, a-t-il dit. Ces décisions doivent donc être mûries, étant donné le peu d'espaces disponibles pour l'attribution de nouveaux noms, surtout dans les quartiers plus centraux de la Ville.»

Situé entre les rues Clark et Saint-Urbain, juste au sud de Van Horne, le petit parc enclavé était fréquenté par la chanteuse américano-mexicaine, qui habitait non loin de là, rue de l'Esplanade, au coin de Groll. «C'était un parc qu'elle connaissait bien. Son studio d'enregistrement était juste derrière, ses musiciens habitaient aussi à côté, a précisé Mme Samson. Ici, c'était chez elle.»

Selon Noëlle Samson, la demande du Comité des citoyens du Mile End devrait être facilitée par le fait que le parc n'a pas de nom officiel. «On l'appelle le parc Clark parce qu'il est situé aux abords de cette rue. Il ne s'agit pas d'une demande de changement de nom.» Mais Philippe Rousseau affirme que le parc Clark est déjà identifié comme tel pour des besoins de repérage. «Comme la priorité est donnée aux espaces qui n'ont pas encore été nommés, ce dossier n'est pas une priorité toponymique pour le moment», a-t-il laissé tomber.

Le conseiller d'arrondissement du Mile End, Richard Ryan, a indiqué à La Presse qu'il donnerait son appui au projet lundi prochain. «Je trouve ça intéressant que ce soit une initiative citoyenne, a dit le conseiller de Projet Montréal. Et puis, je sais que Lhasa était très appréciée dans notre quartier. Je pense que c'est assez unanime. Il n'y a aucune raison de s'opposer à ce projet qui s'inscrit dans la mémoire du Mile End.»

La résolution d'appui au projet devrait être adoptée puisque les six élus de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal sont issus du même parti, Projet Montréal. Il reste que c'est le Bureau de toponymie de la Ville qui aura le dernier mot.

Il y a moins de deux ans, une initiative semblable avait été proposée par les conseillers d'Union Montréal, Marvin Rotrand et Michael Applebaum, pour honorer la mémoire de l'écrivain Mordecai Richler, qui a aussi habité le Mile End. Il était alors question de renommer un parc ou une bibliothèque en son nom. Mais plusieurs conseillers et citoyens s'y étaient opposés. Le maire Tremblay a finalement opté, l'été dernier, pour rebaptiser un pavillon du mont Royal. Le projet visait à souligner les 10 ans de la mort de l'écrivain.