David Kennedy est connu sous deux pseudonymes: Ramadanman et Pearson Sound séduisent moult férus d'électro. On a associé ce DJ anglais au dubstep, au dub ou au downtempo sans pouvoir le confiner à aucune de ces catégories. Ce vendredi à l'Igloofest, on pourra aussi percevoir dans sa musique des formes de house ou UK bass music dont les fréquences risquent fort de percuter les cages thoraciques.

Plus précisément, ses propositions se fondent sur un discours hautement percussif auquel il adjoint des fragments de voix et d'épaisses couches harmoniques, superbement texturées et conçues au moyen d'outils numériques. Pearson Sound / Ramadanman mène aussi les destinées du label Hessle Audio avec ses collègues Ben UFO et Pangaea. On ne s'étonnera pas que des technoheads averties considèrent ce musicien comme un innovateur pour le plancher de danse.

Appel à Londres, donc. David Kennedy répond via Skype.

«Non, amorce-t-il, ce n'est pas mon premier passage à Montréal. J'y ai joué en avril au Club Lambi, sous l'appellation Pearson Sound.»

On aura tôt fait de constater que David Kennedy n'a pas grand-chose à cirer de toute catégorisation.

«Le dubstep, vous savez, fut davantage un groupe de musiciens et de labels qu'un style en tant que tel. Cela étant, j'ai été chanceux d'en vivre l'expérience et en apprécier les artistes les plus importants. Sans aucun doute, ce fut pour moi inspirant. Or, la musique a changé en Angleterre depuis.»

Bon bon, évitons les considérations stylistiques... Mais qu'est-ce qui rend notre interviewé différent de ses collègues?  Encore là, Kennedy a du mal à répondre.

«Je ne sais pas vraiment, enfin... Mes amis et contemporains qui faisons partie du même milieu nous respectons mutuellement, nous essayons d'avoir un son personnel, sans copier le voisin. Nous faisons les choses différemment, tout en ayant un bagage relativement similaire. Grosso modo, je travaille avec des machines, même les sons provenant d'instruments finissent par sonner comme des machines. J'ai toujours travaillé à l'instinct. Je suis influencé par tant de sources sonores, faire de la musique n'est pas une stratégie consciente.»

Et voilà un petit éclair de précision:

«En tout cas, je conçois ma musique afin qu'on puisse la danser. Il m'arrive aussi de créer des musiques plus atmosphériques ou autres musiques destinées au cinéma. Pour n'importe quel contexte de diffusion, la composition est pour moi un processus graduel mais non linéaire. Cela peut me prendre plusieurs mois avant d'arriver au produit fini... ou encore une seule journée au bout de laquelle je peux faire jouer une création neuve devant public. Et non, je ne sais pas si les compositeurs de musique électronique destinés au plancher de danse sont plus ou moins substantiels que ceux ayant des prétentions de compositeurs sérieux. J'imagine que chacun d'entre nous essayons de trouver notre originalité.»

Fier citoyen britannique, David Kennedy compte rester basé chez lui.

«J'ai vécu en France pendant un moment et, tout compte fait, j'aime bien vivre là d'où je viens. Londres est la ville que je préfère, il s'y passe toujours beaucoup de choses. J'aime jouer partout,remarquez, En Allemagne et en Angleterre, particulièrement. Je viens souvent en Amérique mais c'est la première fois que je me produirai dans un environnement hivernal... Mon ordinateur prendra-t-il froid?»

Dans le cadre de l'Igloofest, Pearson Sound se produit ce vendredi, 20h30, scène Sapporo, aux Quais du Vieux-Port. Pour infos: https://www.igloofest.ca/fr/