En 2011, Arcade Fire a brillé de mille feux.

Le très convoité prix Grammy de l'album de l'année, honorant leur dernier opus The Suburbs, a préparé le terrain à une année de consécration pour le groupe indie-rock basé à Montréal.‬

‪À la fin de l'année, il s'était illustré dans la même catégorie à la remise de prix Juno et aux Brit Awards, et avait remporté le prix Polaris, en plus d'avoir mis la main sur le Félix du meilleur album anglophone à «L'Autre gala» à l'ADISQ.‬

‪Après avoir remercié Montréal devant le monde entier à la cérémonie des Grammy, les membres du groupe ont trouvé le temps d'exprimer leur gratitude à leur armée d'admirateurs québécois lors d'un immense spectacle gratuit en plein air, en septembre, qui a rassemblé environ 100 000 spectateurs au centre-ville de la métropole.‬

‪Cette expression de gratitude devrait se poursuivre en 2012, alors qu'Arcade Fire prévoit investir pour aider les jeunes artistes tout en travaillant sur son prochain album.‬

‪«Leur succès a dépassé les rêves les plus fous - même les leurs, je crois», a confié Dan Seligman, cofondateur et directeur artistique du festival de musique indie Pop Montréal, qui a organisé le grand spectacle en plein air.‬

‪M. Seligman, qui a souvent programmé le groupe lors des 10 années du festival, croit que toute l'attention dont bénéficie Arcade Fire profite à la scène musicale montréalaise. «J'espère que cela continuera à aider les autres groupes à attirer l'attention et à obtenir du succès en tournée, ainsi qu'à vivre de leur art.»‬

‪La récolte de prix a relancé le bruit autour du groupe, dont la sortie du premier album, Funeral, avait lancé la vague de musique indie montréalaise en 2004 et 2005. À l'époque, le New York Times avait dressé le portrait du groupe, et le légendaire magazine de musique Rolling Stone avait proclamé que Montréal était «le nouveau Seattle».‬

‪La rédactrice en chef du magazine américain Entertainment Weekly, Leah Greenblatt, estime que même si Arcade Fire était connu depuis quelques temps, son succès lors des prix Grammy en a surpris plus d'un. Même les membres du groupe semblaient sous le choc lorsque les caméras se sont tournées vers eux pour croquer leur réaction.‬

‪«J'étais sous le choc», se rappelle Mme Greenblatt qui, ayant longtemps été une journaliste spécialisée dans la musique indépendante, a souvent vu ses groupes préférés être «ghettoïsés» dans les catégories alternatives ou indépendantes.‬

‪«Je m'attendais à ce qu'Arcade Fire gagne le prix de l'album alternatif de l'année», confie-t-elle, estimant que malgré la qualité de l'album, les prix Grammy semblaient vouloir attirer un public plus jeune cette année.‬

‪«Dans un sens, c'était un album à l'ancienne parce qu'il se voulait ambitieux et thématique. Arcade Fire a su oser aller dans cette direction. Il tentait de faire un album qui aurait du succès et il a réussi.»‬

‪Mme Greenblatt se rappelle avoir assisté à la fête donnée par le groupe après les Grammy. «Ils étaient ravis», dit-elle. «Je pense qu'ils étaient sous le choc, honnêtement. Ils semblaient sidérés, mais électrisés.»‬

‪Les membres d'Arcade Fire ont décliné les demandes d'entrevues pour parler de cette année exceptionnelle. Leur publiciste a indiqué qu'ils prenaient une pause après une tournée exténuante.‬

‪Toutefois, ils avaient indiqué qu'ils songeaient à utiliser la bourse accompagnant le prix Polaris pour créer un studio afin que les artistes émergents puissent enregistrer à coût abordable.‬

‪Ce geste n'est pas surprenant venant d'Arcade Fire, dont les membres sont reconnus pour leur philanthropie, spécialement à l'endroit d'Haïti, où ils ont donné un concert cette année.‬

‪«C'est important pour la scène musicale qu'il y ait un endroit abordable où les musiciens peuvent enregistrer, parce que si on ne le fait pas, personne n'entendra leur musique», avait lancé le chanteur d'Arcade Fire, Win Butler, lors de la cérémonie de remise du prix Polaris.‬

‪Le studio du groupe, une ancienne église de Farnham, en Montérégie, attire déjà une véritable congrégation de musiciens.‬

‪La chanteuse Little Scream, qui a récemment enregistré son premier album The Golden Record dans le studio personnel de Richard Parry, un membre d'Arcade Fire, affirme que le studio de l'église de Farnham a déjà une valeur inestimable pour les musiciens.‬

‪«Beaucoup de gens l'ont utilisé et le studio est décidément d'une grande aide pour les artistes émergents», estime Little Scream (Laurel Sprengelmeyer).‬

‪Elle se dit heureuse du succès obtenu par le groupe. Toutefois, elle observe que les récents événements n'ont pas semblé attirer plus de bonzes de l'industrie à Montréal pour dépister de jeunes talents.‬

‪«Il y a quelques années, lorsqu'ils ont commencé, cela avait fait une grosse différence», estime Little Scream, dont le premier album peut compter sur la présence de Sarah Neufield, d'Arcade Fire. «Maintenant, il ne s'agit que d'eux et de leur succès, et plus vraiment de Montréal.»‬

‪Steve Guimond, qui programme les spectacles à la Casa del Popolo, l'une des premières salles où s'est produit Arcade Fire, croit que toute l'aide que les membres du groupe pourront apporter à la scène locale est la bienvenue, alors que le nombre de studios d'enregistrement est limité à Montréal.‬

‪S'il convient que l'attention suscitée par les succès du groupe avait plus d'impact à ses débuts, M. Guimond note que tous les prix récoltés cette année ont sans doute piqué la curiosité d'amateurs de musique plus populaire qui n'avaient jamais entendu parler d'Arcade Fire.