En 2009, Patrice Caron a eu une vision: il a rêvé que tous les objets patrimoniaux de l'histoire du rock québécois seraient réunis dans un musée.

Deux ans plus tard, son idée court toujours. Et il met tout en oeuvre pour la mener jusqu'au bout. Après une exposition temporaire présentée cet été au Centre Pierre-Péladeau, il organise lundi soir un «encan du rock» qui l'aidera à financer son projet.

Toute la scène rock indépendante de Montréal lui a donné son appui. Un livre sur Voivod dédicacé par le groupe, une taie d'oreiller appartenant à Socalled et la discographie entière de l'étiquette Dare to Care sont au nombre des objets qui seront mis aux enchères.

«Il y a beaucoup de stock, lance-t-il. La soirée risque d'être longue.»

Fondateur du GAMIQ (l'anti gala de l'ADISQ) et ancien rédacteur en chef de la revue Bang Bang, Patrice Caron est un des acteurs principaux de ce qu'on appelle la «scène émergente».

Mais ça ne l'empêche pas de s'intéresser aux artistes d'hier qui ont pavé la voie aux groupes d'aujourd'hui. De Bob Davies (décédé la semaine dernière) à Robert Charlebois en passant par les Sinners, Pag et Vent du Mont Shärr, notre passé rock'n'roll compte en effet des centaines de héros plus ou moins obscurs, sans qui Malajube et Karkwa n'auraient peut-être jamais vu le jour.

La passé au service du présent

Ouvertement inspiré du Temple de la renommée du rock à Cleveland, le projet de Patrice Caron permettrait de rendre hommage à ces pionniers du rock québécois. L'endroit ferait à la fois office de lieu de mémoire, de médiathèque, de caverne d'Ali Baba et de vitrine éducative pour les nouvelles générations, qui regardent trop rarement dans le rétroviseur.

«Je veux qu'on ait un espace à la hauteur de la richesse culturelle de notre patrimoine rock, explique Caron. Je veux constituer les archives définitives de cette histoire. Et je veux démontrer que la musique faite ici depuis 1956, c'est aussi bon que ce qui s'est fait en France et aux États-Unis. Il faut arrêter d'avoir honte de ce qu'on a fait. Il faut intéresser les plus jeunes à tout ça».

Subventions

Quand on lui fait remarquer le potentiel hautement «subventionnable» de son projet, Patrice Caron esquisse un sourire. Remplir des demandes de bourses n'a jamais été un réflexe pour cet indépendant forcené, qui a toujours prôné la philosophie punk du «do it yourself» et l'autofinancement.

Mais le musée du rock, c'est une autre affaire. Une affaire sérieuse. Et il se dit prêt à jouer le jeu pour que son projet aboutisse... dût-il porter cravate et veston. «Je ne veux pas perdre l'esprit débrouillard qu'on a toujours eu, dit-il. Mais je veux faire un vrai musée, pas des catacombes! Je pense qu'il y a moyen de faire affaire avec les institutions sans perdre son intégrité.»

Pour l'heure, le musée du rock demeure un concept sans domicile fixe. Différents lieux ont été envisagés, y compris l'ancien Planétarium, que la Ville n'a toujours pas «redistribué». Patrice Caron pourrait en outre se joindre à la bande du MEG et du Musée des microbrasseries, qui convoite l'ancien Musée Juste pour rire, ce qui lui donnerait pignon sur la Main.

Pour ce qui est de la prochaine expo temporaire, une seule certitude: elle sera consacrée aux années yéyé.

Histoire à suivre.

_______________________________

Encan du rock, lundi soir 12 décembre à la Casa del Popolo, 4873 boulevard Saint-Laurent.