La route a été longue pour The National depuis la sortie de son sixième album, High Violet, au printemps 2010. Avant de rentrer à New York après plus d'un an et demi en tournée, le groupe passe par le Centre Bell de Montréal, vendredi, ce qui témoigne du long chemin parcouru depuis sa performance à Osheaga, en première partie d'Arcade Fire.

Au bout du fil, à Vancouver, le chanteur Matt Berninger a la voix fébrile d'un gars qui est à la fin d'un long voyage et qui sent que le retour à la maison approche. Depuis la sortie de High Violet, au printemps 2010, le groupe a passé la majeure partie de son temps sur la route. «Nous devons penser à rééquilibrer nos vies. Les spectacles sont super, mais nous avons poussé les tournées le plus loin possible en ce qui concerne la santé mentale», dit à la blague le chanteur à la voix grave et caverneuse.

Le groupe finira sa tournée dans deux semaines par une série de six spectacles intimes, à la maison, au Beacon Theater de New York. Rien à voir avec la dimension de son spectacle à Montréal, vendredi, dans le plus grand amphithéâtre en ville. Pour Matt Berninger, cela importe peu. «Nous savons que les gens viennent pour les chansons, donc nous ne ressentons pas le besoin d'avoir un truc à la Broadway.»

Dans tous les cas, le chanteur se sent sur la sellette quand il est sur scène. «C'est étrange. Je ne sais pas si un jour, je serai à l'aise sur une scène, sous des lumières, et de chanter des chansons devant des gens. Je compare ça à plonger dans des eaux profondes et sombres. C'est terrifiant mais excitant, et on est super content de l'avoir fait et d'avoir survécu», dit-il.

Formé en Ohio il y a dix ans, The National a fait trois albums dans l'ombre avant de connaître un succès d'estime avec Alligator, en 2005. A suivi Boxer en 2007, puis High Violet, qui a fait exploser la popularité du groupe au rock chargé, prenant et introspectif. «Je ne sais pas à quel point nos vies ont changé. D'avoir un enfant m'a changé plus que n'importe quel groupe rock aurait pu le faire, indique Matt Berninger. Quand nous avons commencé le groupe, nous étions des adultes majeurs et vaccinés. Pendant six ou sept ans, nous n'avions à peu près pas d'attention. Donc maintenant, on veut juste bien faire les choses [...]. Nous avons fait la première partie de R.E.M. pour plusieurs spectacles, puis nous avons été proches d'Arcade Fire et nous avons observé comment ils sont devenus gros tout en préservant leur intégrité.»

Nouvel album en chantier

Matt Berninger ressent le besoin de passer du temps seul avec sa famille afin de mieux s'inspirer pour le prochain album. «Quand j'écris, j'écoute les sketchs qu'Aaron m'envoie, et beaucoup d'idées et d'émotions naissent là. Je prends des notes ici et là, mais j'écris rarement des paroles indépendamment de la musique d'Aaron.»

Aaron Dessner lui a déjà soumis du matériel et Berninger ne se gêne pas pour en vanter la qualité. «Il y a 10 ou 11 maquettes que j'écoute. C'est bizarre... Habituellement, nous avons 60 esquisses de chansons. Cette fois, je sens que cela va arriver plus vite. Aaron vient d'avoir un bébé, et il a un manque de sommeil qui le rend plus créatif que jamais. Je ne veux même pas le déranger! lance le chanteur. Je suis peut-être trop près du processus, mais je pense que High Violet est notre meilleur album et que le prochain le sera.... Je sens que nous sommes en train d'atteindre le sommet.»

La barre est haute. À suivre avec grand intérêt.

EN RAFALE

Le groupe montréalais Plants&Animals sortira son nouvel album, qui a pour titre The End of That, le 28 février.

- The Blacks Keys sera en spectacle au Centre Bell le 13 mars, avec Arctic Monkeys en première partie (billets en vente samedi).

- La chanteuse Lana Del Rey, le buzz musical du moment, a sorti un nouveau clip de Born to Die, pièce-titre de son premier album qui sortira le 31 janvier.

SUGGESTION DE LA SEMAINE

Elle est mariée à Nathan Followill, de Kings of Leon, mais Jessie Baylin est avant tout une auteure-compositrice-interprète dont le single Hurry Hurry (en écoute sur sa page Facebook) semble très prometteur pour son deuxième album, Little Spark, qui sortira le 17 janvier. Avec celle qui revisite l'univers des Nancy Sinatra et Françoise Hardy avec une touche de rock sixties californien et de country, disons que Lana Del Rey a de la compétition. On trouve par ailleurs un EP de reprises, réalisé par Richard Swift, en écoute sur son site web: jessiebaylin.com.

SORTIES DE LA SEMAINE

- Lioness: Hidden Treasures, Amy Winehouse

- El Camino, The Black Keys

- Undun, The Roots

- Pag Collection, Pagliaro

- Ça c'est d'la femme, Mononc' Serge

- Rendez-vous, Nana Mouskouri

- À cause d'elles, Alain Souchon

- Made in Germany, Rammstein

- The Path of Totality, Korn

- rEVOLVEr, T-Pain