Guitariste par passion et par conviction, Thomas Dutronc est devenu «chanteur par accident afin de défendre un projet musical de copains».

Assortie d'un album solo, l'aventure sur scène a commencé il y a près de quatre ans. Il a fait les grands festivals, il a beaucoup tourné, acquis la confiance nécessaire à la suite des choses. D'où Silence on tourne, on tourne en rond, son deuxième album qu'il défend pour nous, en direct de son domicile parisien.

«On adore la tournée, on s'amuse beaucoup, amorce-t-il non sans enthousiasme. Ça m'a donné de l'énergie rock, comme chanteur. Et j'ai eu envie de faire un deuxième album différent du premier, question de ne pas le faire moins bien. Voilà, il y a toujours une problématique du deuxième album, vachement dur quand le premier a bien marché.»

Et qu'a-t-il voulu faire, Thomas Dutronc? «Un album de chansons. J'aime écrire des textes de chansons. Quand j'ai une amorce au départ, j'essaie d'aller jusqu'au bout. Chaque fois, c'est une espèce de jeu, une manière très ludique de trouver des casse-tête, trouver le mot qui va le mieux sonner avec le sens. Ainsi, mes textes sont un peu moins timides, moins planqués derrière des formules et des jeux de mots. J'ai essayé de faire de mon mieux en m'amusant.»

L'énergie d'abord

Va pour l'auteur. Le compositeur? Très bon guitariste, Thomas Dutronc dit avoir mis de côté l'album acoustique de haut niveau dont on serait attendu de lui. Du moins pour l'instant.

«Je voulais que ce soit un peu plus pop. Ce qui compte au fond, c'est l'énergie des musiques, les mélodies, l'esprit, les performances instrumentales qui y sont associés. J'aimerais un jour mener un projet avec des invités que je mettrais au devant mais... Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de diffusion pour qui choisit de faire des pompes (guitare rythmique dans le jazz manouche) avec violon et contrebasse.

«Cette musique des années 20 ou 30 est encore là dans ma musique, son esprit demeure. J'ai déjà tourné avec Biréli (Lagrene), je connais les grands comme Stochelo (Rosenberg), Tchavolo (Schmitt), Dorado (Schmitt), Rocky (Gresset), etc. Ma passion reste Django, mon truc préféré, mais je me dis qu'il vaut peut-être mieux s'en écarter. C'est tellement beau, cette musique, que c'est difficile d'y rester dans l'ombre. Autant essayer autre chose. Plus pop.»

Et... que signifie plus pop? «On ne se refait pas, tient-il d'abord à préciser. Je n'ai ni la culture folk ni la culture rock pour prétendre à de telles approches. J'essaie d'aller par là, mais, au fond, je joue ce que je connais bien en essayant de mener ça ailleurs. La musique de ma chanson Demain, par exemple, est manouche à la base, alors que le résultat final est différent. Je ne viens pas des Beatles et des Stones, mais j'ai ça qui traîne dans l'oreille. J'ai aussi envie d'aller par là.

«Et puis, j'ai envie de profiter d'autres influences, c'est pourquoi j'ai ouvert cet album à mes amis musiciens - Méo, David Chiron, Jérôme Ciosi, etc. Cet album résulte d'un travail commun. Une volonté née de notre expérience de live. Quand on dit pop, donc, on ne se dit pas: tiens, on va faire du commerce. On se dit plutôt qu'il faut élargir la palette.»

Dans cette optique, Thomas Dutronc estime avoir progressé et non dilué ses propositions initiales pour rayonner davantage.

«C'est plutôt pour se rendre là où l'on ne nous attendait pas, insiste-t-il. En studio, on a bossé avec les mêmes arrangeurs, Frédéric Jaillard et Xavier Bussy, je trouvais intéressant qu'on puisse trouver ensemble cet ailleurs. Finalement, ça a un côté frais, et c'est certainement mieux que de la grosse variété prédigérée.»

Sur scène, par ailleurs, la démarche se poursuit.

«Nous sommes encore en train d'ajuster, mais nous sommes vraiment contents et fiers du nouveau spectacle. En plus, ça peut devenir drôle: nous reprenons la Compagnie créole en slam, Barbara en zouk ou Claude François à la flûte à bec! Nous cherchons de nouveaux habillages pour les chansons, marquées par de belles performances instrumentales. On ne se la joue pas sérieux, mais on met haut la barre. On n'arrête pas de bosser car on cherche sans cesse à s'améliorer. À faire en sorte que ce ne soit pas anecdotique mais plutôt poétique. Au bout du compte, ça reste organique et convivial.»

Évidemment, parler au fils de Françoise Hardy et de Jacques Dutronc, implique au moins une allusion, si minuscule soit-elle.

«Je sais bien qu'on ne peut l'éviter, convient-il. Enfin, je fais de mon mieux, et je sais qu'il est difficile de rivaliser avec les moments magiques que mes parents ont vécus dans la création. Eux-mêmes ont du mal à rivaliser avec eux-mêmes! Alors? J'ai hâte de créer de nouvelles chansons!»

POP

THOMAS DUTRONC

SILENCE ON TOURNE, ON TOURNE EN ROND

MERCURY/UNIVERSAL