Il n'a pas fallu plus de 15 minutes pour que la soirée de jeudi au Métropolis devienne un show classique d'Éric Lapointe.

Après une entrée en matière assourdissante, pendant laquelle les cris enthousiastes des fans montréalais en manque de leur rocker préféré étaient noyés dans la masse sonore à laquelle contribuaient trois cuivres, Lapointe a dit à son public son plaisir d'être enfin de retour dans son Métropolis où il est «toujours sûr que le party va pogner».

Jusque-là, il nous avait servi coup sur coup deux des cinq extraits de son dernier album prévus au programme de la soirée (Des hommes qui tombent et Je suis à elle) et Coupable pendant lesquelles ce qu'il chantait était parfaitement inintelligible, sa voix devenant un instrument parmi les autres.

Puis ce fut N'importe quoi qu'il a présentée en se payant gentiment la tête des journalistes et l'effet Lapointe s'est manifesté: ces fans qui l'aiment avec un grand A se sont mis à chanter avec lui cette power ballade classique. Puis la chorale a repris du service pendant Motel 117 et 1500 miles.

À mi-parcours,  Lapointe a rendu hommage à ses complices récemment retrouvés, le parolier Roger Tabra et le super guitariste Stéphane Dufour qui prend un solo dans presque toutes les chansons, avant de chanter la nostalgique Les années coup de poing. Il a mordu dans sa chanson préférée, Loadé comme un gun, avant de chanter du Pag avec son ami Jonas, comme il avait repris Ma gueule, de Johnny, et Ce soir on danse à Naziland avec Rick Hughes un peu plus tôt. Jonas, qui avait réchauffé la salle en début de soirée, s'est amené chanter son bout en anglais de l'Émeute dans la prison (Riot In Cell Block No. 9, de Lieber et Stoller) à laquelle le saxophoniste Luc Lemire a contribué un solo torride.

Quand, tout de suite après, Rick Hughes s'est lancé dans Highway To Hell de AC/DC, oui, le party était pogné.

Mais ce n'était pas terminé. Restait encore la récente Brume de ta bouche, assortie d'un solo de drum de Rick Bourque, et une enfilade d'incontournables dont Bobépine, la chanson à répondre rock and roll pour le temps des Fêtes, et Mon ange en guise de tout dernier rappel peu avant minuit.

Dommage que Lapointe n'ait pas retenu Tu t'es laissé tomber, une chanson douloureuse et poignante du dernier album Le ciel de mes combats, et l'encore plus récente Regarde bien, écrite pour son jeune fils Christophe-Arthur.

Le Métropolis a eu droit à ce à quoi il s'attendait: un spectacle de plus de deux heures, un show de tripes intense, généreux et un peu répétitif. Mais combien d'artistes vendraient leur mère pour communier avec un public comme l'a encore fait Éric Lapointe pendant Terre promise

?