En plus de savourer la sortie des Noces d'or de Jaune, enregistrement public réparti sur deux CD, Jean-Pierre Ferland reprend lentement du service. Il a chanté sur scène une douzaine de fois depuis un an. Et veut enregistrer de nouvelles chansons originales! Cela, malgré sa retraite célébrée en grande pompe au Centre Bell, le 14 janvier 2007.

«J'ai tellement la forme que je ne peux plus tenir en place, avoue-t-il. Ma santé est tellement fabuleuse, je me demande d'où je tiens ça! Je me sers encore quotidiennement un bon gin&tonic. Et la musique me garde en vie.»

Mardi dernier, il a lancé Les Noces d'or de Jaune, c'est-à-dire la commémoration de son album le plus crucial, créé en 1970, interprété intégralement en juin dernier à la salle Wilfrid-Pelletier, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.

«C'est un jaune qui bave sur le soleil», dit Jean-Pierre Ferland, qui a écouté les prises de son de la salle Wilfrid-Pelletier et a aimé le résultat.

«Avant de monter sur scène, j'avais un trac fou, relate-t-il. Je tremblais de tous mes membres et, petit à petit, j'ai repris le contrôle. Et puis, lorsque j'ai écouté, je me suis demandé pourquoi ça ne paraissait pas. J'avais remporté une victoire sur mon trac. Ma voix était bonne, c'est très écoutable. De plus, j'ai trouvé que ce spectacle avait révélé une nouvelle couleur. On a trouvé du beau stock là-dedans, et des choses presque jamais enregistrées auparavant, L'assassin mondain, par exemple. On y sent l'énergie et l'attention du public, bien qu'on ait enlevé la majorité des applaudissements.»

Le chanteur rappelle que ce spectacle devait d'abord être enregistré pour une émission de télévision, mais que le producteur Paul Dupont-Hébert (de l'étiquette Tandem) avait décidé de retenir les droits sur l'enregistrement audio au cas où... «Alors on a enregistré pour le principe le spectacle de Montréal - qui a aussi été donné à Québec et à Ottawa.»

«Tiens, je ne suis pas mort !»

Ferland évoque des retrouvailles chaleureuses. «Avec tous ces musiciens sous la direction d'Alain Leblanc, avec qui j'avais déjà travaillé, il y a eu beaucoup d'émotions. Nous étions contents de nous retrouver, sans compter les autres qui se sont joints à nous, comme les nouvelles voix ou notre joueur de synthétiseur. Je m'étais dit: tiens, je ne suis pas mort!»

Après s'être retiré de la circulation pendant quelques années, Jean-Pierre Ferland confie «avoir trouvé dur en maudit de voir passer l'autobus du show-business et de rester à part, sans y monter».

«Ma décision de me retirer était-elle la bonne? Claude Léveillée avait alors subi un accident vasculaire cérébral sur scène. Ça m'avait fait très peur. D'autant plus que je ne trouvais pas élégant de mourir sur scène. Et puis, juste avant de faire le Centre Bell, j'ai été victime d'un ICT, un problème cérébral causé par l'obstruction d'un vaisseau sanguin. Heureusement, ça n'a pas laissé de séquelles. On m'a opéré, on m'a nettoyé la tuyauterie. J'avais failli mourir... et je n'étais plus malade. Aujourd'hui, j'ai 77 ans, je peux me payer tous les plaisirs, et mon plus grand est celui de chanter. Ainsi, j'ai fait une douzaine de spectacles depuis l'an dernier, dont plusieurs caritatifs.»

Tant qu'à y être, pourquoi ne pas créer un nouvel album de chansons originales?

«Parce que je suis un peu gêné, répond-il. Mais la gêne se dissipe tranquillement. Côté création, je me rabats sur mon projet de théâtre musical (Madame Simpson). Mais lorsque je fais une chanson qui n'est pas liée à ce projet, je me demande qui devrait l'interpréter et... je me dis, finalement, que je devrais la garder pour moi. Mettez-vous à ma place!»

CHANSON

JEAN-PIERRE ERLAND

LES NOCES D'OR DE JAUNE

TANDEM