Il y a six mois, Sabrina Sabotage et Dom Hamel d'Orange Orange étaient découragés, les mains liées par un contrat de disque dont ils étaient incapables de se défaire. Le couple et duo électro-pop s'est terré dans son appartement pour faire ce que personne ne pouvait les empêcher de faire: de la musique. Huit mois plus tard, ils sont de retour avec un nouvel album, Tropical Passion.

Le deuxième disque d'Orange Orange est un disque de «survie», «d'amour», de «défoulement» et «d'hibernation». C'est difficile à croire quand on regarde la pochette sexy et kitsch de Tropical Passion.

Mais en s'attardant aux textes («tu t'endors mais ne rêve pas», «mettre fin à mes souffrances/tirer ma révérence»), on devine que Dom Hamel et sa douce Sabrina Sabotage Bellemare n'ont pas fait leur deuxième album dans la plénitude. Il y a un an, Orange Orange n'était pas en pleine possession de ses moyens. Sous contrat avec André Di Cesare des disques Star (le dossier est devant les tribunaux), le duo ne pouvait pas sortir de nouveau matériel.

Pour résumer, Orange Orange dit avoir voulu se séparer parce que André Di Cesare aurait caché au groupe l'obtention de certaines subventions. «L'Union des artistes ne pouvait pas nous aider, car les disques Star ne relèvent pas de la convention de l'ADISQ», avance Dom Hamel.

Avec l'aide de l'avocat Normand Tamaro, spécialisé en droits d'auteur, Orange Orange a dû justifier pourquoi il voulait résilier le contrat. André Di Cesare a par ailleurs tenté en vain, il y a deux semaines, d'obtenir une injonction pour empêcher la sortie de Tropical Passion...

«Ils sont toujours sous contrat avec moi, a-t-il expliqué à La Presse, jeudi dernier. J'ai voulu négocier, mais pas eux. Je n'ai jamais voulu me chicaner avec personne, mais ils vont se rendre compte que ça coûte cher de produire un disque.»

Tout cela pour dire que Sabrina et Dom avaient la mine basse l'hiver dernier. Les deux amoureux fuyaient les événements publics, las d'expliquer aux gens leurs démêlés avec leur ancien imprésario. Mais «entre deux épisodes de Dexter», ils ont fait un disque. «C'était de la création de survie, dit Sabrina. Il n'y a aucune censure dans cet album-là, c'est de la création pure», ajoute Dom Hamel.

Les textes plutôt sombres contrastent avec la musique électro-pop dansante, pétillante, et toujours plus accrocheuse d'une écoute à l'autre. «La musique est l'anditote à tout ça, indique Dom Hamel. Le texte est noir, l'espoir est dans la musique.»

La chanson Arrête s'adresse aux critiques: «Arrête de comparer la couleur et le zeste». Longtemps, Orange Orange a eu l'impression d'être assis entre la chaise underground et celle de la pop. Il faut rappeler que Dom Hamel - ancien beatbox humain de Motus 3F - a quitté Gatineau pour faire de la musique avec son amoureuse. «Tropical Passion parle du jugement qu'on s'impose à nous-mêmes», signale Sabrina.

Aujourd'hui, Orange Orange est enchanté du dévouement de son nouvel entourage, dont David Dubé de l'étiquette HLM (High Life Music), qui a créé une nouvelle filiale baptisée Kartel Musik. «Ils nous ont fait entrer à CKOI et Énergie!»

Wannabe DJ, le premier extrait de Tropical Passion, tourne en effet sur les ondes des radios commerciales, malgré que la chanson soit un pied de nez implicite à l'industrie du disque.

Tropical Passion comprend aussi une reprise de J'ai vu, de Niagara. «C'est un couple de vie inspirant», dit Sabrina.

Elle et son amoureux, dont le premier coup de foudre a eu lieu au Divan orange, sont aussi très soudés. «Je ne pensais jamais rencontrer une artiste aussi inspirante que Sabrina», dit Dom Hamel, qui porte un macaron «J'aime Sab».