Fin juillet 2010, Birdy Nam Nam avait créé toute une commotion au Club Soda, dans le cadre de MEG Montréal. Vedettes consacrées de l'électro française, champions scratch-mixers dans plusieurs compétitions mondiales, les quatre DJ, compositeurs et réalisateurs reviennent à Montréal avec du matériel neuf: l'album Defiant Order.

Directement de Paris, DJ Pone relate l'évolution récente de BNN, qu'il forme avec ses vieux potes Crazy B, Little Mike, DJ Need. Rappelons que leur groupe s'est imposé aux Victoires de la musique en 2010, catégorie révélation Électronique ou Dance de l'année, supplantant du coup Air, Wax Tailor et David Guetta. Ce n'est pas rien.

Ces musiciens n'entendent pas en rester là, en témoigne ce nouvel opus qui sera la matière principale de la soirée dominicale.

«Pour Defiant Order, on a bossé avec le réalisateur Para One qui est aussi notre pote et notre voisin de palier. Avec lui, nous avions envie d'un truc plus radical, moins centré sur la piste de danse, plus organique, plus mental, plus mature. Vous savez, la french touch 2.0 d'il y a trois ans avait pris un coup de vieux. Depuis lors, des mecs comme ceux du label Sound Pelegrino ont déniché des sons vraiment mortels! Avec James Blake, on a aussi pris toute une claque. En peu de temps, donc, il se passe beaucoup de choses en musique électronique; il nous fallait un vrai changement.»

Pour arriver à ce «truc plus frais», DJ Pone revendique paradoxalement l'usage de «références assez old school».

«Le point commun entre nous quatre et Para Ne, de justifier DJ Pone, c'est que nous sommes des fans finis de hip- hop, période 1990 à 2000. C'est pourquoi nous avons utilisé à fond des machines très populaires de cette époque comme la SP 1200 ou la MPC 60, afin d'obtenir un grain particulier pour nos rythmes. Nous avons aussi gratté des vinyles, nous avons fait des plans qu'on faisait quand on est en compétition de DJ pour les adapter à une production studio. En somme, nous avons fait beaucoup de bidouille avec des platines et des sons trafiqués.»

Pas question de se tenir pour acquis au sein de Birdy Nam Nam, force est de déduire: «Nous imposons nos choix, sinon ça ne serait que du divertissement. Vous savez, si Radiohead avait écouté son public, il n'y aurait jamais eu de Kid A. Tu sors quelque chose de neuf, tu as toujours des réticents, ceux que qui te préféraient avant, et ceux qui aiment découvrir. C'est le jeu, quoi!»

Pas question non plus de miser sur les artifices visuels au rendez-vous montréalais: «À Montréal en 2010, rappelle DJ Pone, nous avions offert le même spectacle que nous donnions en France, mais sans le visuel. Nous disposions alors de tout un arsenal que nous ne pouvions faire traverser en Amérique. Or, cette fois, il n'y aura aucun décalage entre la France et le Québec, car la nouvelle tournée est beaucoup moins considérable sur le plan visuel.

«Et puis, c'était devenu la course aux spectacles à grand déploiement; il y a eu Daft Punk, Vitalic, Justice, nous-mêmes. Non seulement n'avons-nous pas actuellement les moyens de refaire de telles mégatournées, mais encore avons-nous envie de revenir aux fondements de notre musique - ce qui avait d'ailleurs très bien marché à Montréal l'an dernier.»

Bien évidemment, ces as DJ, sacrés champions de compétitions internationales avant de fonder Birdy Nam Nam, s'apprêtent à nous éblouir en temps réel. Mais... «On ne fait pas de technique pour la technique, prévient DJ Pone. Nous n'offrons pas une performance de cirque bien qu'il y ait une part de risque et de virtuosité. Nous visons d'abord un concert abouti musicalement, c'est-à-dire un show de près de deux heures avec une qualité de son irréprochable et une vraie progression dramatique. Un vrai voyage.»

Birdy Nam Nam se produit demain au Club Soda. Le programme sera partagé avec d'autres artistes, dont Dooze Jackers.