Björk explore les liens entre technologie, musique et nature sur Biophilia, un album conceptuel et difficile d'accès publié lundi, qui ne prend son sens qu'associé à des applications sur iPad.

Pour son 7e album, l'Islandaise férue d'écologie s'est inspirée de sa perception de la nature et de la lecture d'ouvrages de musicologie, dont Musicophilia - La musique, le cerveau et nous d'Olivier Sachs.

Chaque chanson de Biophilia évoque un mécanisme scientifique et le rattache à une émotion humaine. Virus, par exemple, est une chanson d'amour qui explore les relations entre un virus et son hôte.

Moon, un titre «très mélancolique», porte à la fois sur «la renaissance et les cycles de la lune, mais aussi sur l'aspect mathématique de la pleine lune», explique Björk dans l'épais dossier de presse qui accompagne Biophilia.

Les dix chansons de l'album ont toutes fait l'objet d'une application sur iPad qui se veut à la fois outil de création musicale et animation scientifique à but éducatif.

L'application de Crystalline associe des structures de cristaux avec des structures musicales, celle de Dark Matter permet d'apprendre les gammes...

«Nous allons découvrir comment la musique, la nature et la technologie évoluent ensemble. Tout comme la musique nous permet de rendre palpable des émotions humaines invisibles, la technologie nous permet de découvrir les mécanismes invisibles de la nature», explique le respecté naturaliste britannique David Attenborough, en introduction de ces applications.

Listen, learn, create (Écoutez, apprenez, créez), exhorte-t-il.

Pour ces créations particulièrement fouillées, Björk s'est entourée d'une équipe internationale de programmeurs informatiques, dont le concepteur des Sims, qui se partageront ensemble les bénéfices de chaque application, vendue 1,59 euro l'unité.

Pendules-harpes

Pour la musique, l'Islandaise s'est également attachée les services d'une équipe pointue, avec le duo de producteurs londoniens «16bit» ou Zeena Parkins, une figure de la scène jazz-rock expérimentale new-yorkaise.

Voulant des arrangements les plus épurés possible, elle a utilisé des instruments inventés pour le disque, comme une «basse reliée à un Teslacoil (résonateur)» ou des «pendules-harpes en bois de 2 mètres exploitant l'attraction gravitationnelle de la terre pour créer des motifs musicaux».

La chanteuse assure avoir voulu que Biophilia puisse s'écouter comme ses autres albums «sans avoir besoin d'applications ou d'explications».

Pourtant «Biophilia» peine à embarquer l'auditeur. Si quelques chansons comme Crystalline ou Virus rappellent certains des grands moments de la chanteuse, l'ensemble est trop aride pour séduire et émouvoir.

Björk a présenté Biophilia en concert cet été à l'occasion d'une résidence au Festival international de Manchester, au cours de laquelle elle a travaillé avec le musée des sciences local pour éduquer les enfants à la musique et à la science.

Au lieu de faire une tournée traditionnelle, elle envisage désormais renouveler l'expérience en s'installant dans deux ou trois villes par an.

«On essaye d'aller dans les musées des sciences en expliquant qu'on va donner des cours gratuits aux enfants pendant nos jours de repos si on nous fournit un lieu avec certains éléments comme les cristaux et les virus. C'est une sorte de collaboration», dit-elle.