Portishead entame ce soir à Montréal sa première tournée nord-américaine depuis une décennie. En attendant l'éventuel quatrième album, le groupe fondé en 1991 vient présenter, trois ans après sa sortie, le matériel de l'album Third. «Je comprends que c'est long, dix ans, mais nous sommes excités de pouvoir venir vous jouer ce matériel pour la première fois», commente Geoff Barrow, attrapé à son arrivée à l'aéroport Trudeau.

Pas dix ans, Geoff: treize. La dernière fois, c'était au Métropolis, en 1998. Un concert sombre et somptueux, de bonne mémoire. Après, le trio anglais s'est volatilisé. Dix ans de silence jusqu'à la sortie de Third, disque sans compromis qui a prouvé que Beth Gibbons, Andrian Utley et Barrow avaient encore quelque chose à dire.

Depuis quelques mois, le trio a repris le collier. Un nouveau single, intitulé Chase the Tears, s'apprête à sortir chez XL. Puis, Portishead a enfilé les spectacles-événements, de Coachella à la tournée des grands festivals européens, jusqu'à être invité comme curateur du festival de pop d'avant-garde All Tomorrow's Party, dont l'édition new-yorkaise avait lieu le week-end dernier.

La scène, donc: «C'est une fausse idée de croire que Portishead est mieux adapté aux concerts intimes, proteste Barrow, qui se dit aussi à l'aise dans des bars que devant des dizaines de milliers de fans. En plus, pour répondre à la demande, il nous faudrait jouer plusieurs fois dans chaque petit club de la ville, alors que là...», dit-il en riant.

Exit les scratches

Sur scène, ce soir, le groupe promet un amalgame du vieux matériel et du son de l'album Third. «Ça fonctionne très bien, assure Barrow. À la différence que, dans le vieux matériel, on n'incorpore plus de scratches parce que ça ne m'intéresse plus depuis longtemps. Aujourd'hui, je suis plus intéressé à jouer de la batterie à nouveau.»

Et du nouveau, dans tout ça? Portishead interprétera Chase the Tears sur les quais du Vieux-Port, mais aucun autre matériel inédit. Barrow confirme que le trio travaille sur le prochain disque «depuis janvier», mais rien n'est encore assez fini pour être présenté aux fans. Barrow présentera plutôt un nouvel album de son autre projet, BEAK, le printemps prochain.

Dans quelle direction pourrait aller le Portishead nouveau? «Dur à dire... On essaie toujours d'aller plus loin dans notre démarche, mais disons qu'on peaufine notre écriture. Côté inspiration, la musique d'aujourd'hui ne nous branche pas tellement. En ce moment, en Angleterre, il n'y en a que pour les grosses basses ondulantes du dubstep, et ça m'ennuie. Et puis, il y a tellement de bonne vieille musique à réécouter - la scène post-punk allemande, par exemple. Personne ne fait de musique aussi excitante!»

Portishead, ce soir au Quai Jacques-Quartier. Billets: evenko.ca.