Une suite longuette de numéros inégaux, tantôt spectaculaires et efficaces, parfois cuculs ou prêchi-prêcha.

Michael Jackson était un personnage complexe, un grand enfant un peu naïf et un créateur d'exception dans ses meilleurs moments.

Celui que le Cirque du Soleil a ressuscité hier au Centre Bell dans un spectacle de presque deux heures, pendant lequel on devait sentir sa présence, aurait sans doute été un peu étourdi s'il avait pu assister à cet hommage.

Trop, c'est comme pas assez. Le Cirque et son metteur en scène Jamie King ont concocté une suite longuette de numéros inégaux, tantôt spectaculaires et efficaces, parfois cuculs ou prêchi-prêcha dont la juxtaposition était souvent difficile à suivre.

Après une intro très «disneyesque», avec surabondance de violon, où on comprend que l'artiste, qui n'a pas eu d'enfance, s'est créé un univers de contes de fées et de manèges dans son parc thématique personnel (Neverland), les spectateurs sont secourus par la musique vivifiante de Wanna Be Startin' Something.

Jusque-là, rien à redire. Les clowns recrutent des spectateurs pour danser brièvement sur Shake Your Body, on se retrouve dans une scénographie évoquant Les temps modernes de Chaplin puis, de beaux éléphants à la chinoise apparaissent pendant Ben qui, à l'origine, faisait l'éloge d'un rat.

On reconnaît des bouts de films tournés pour le spectacle de Michael Jackson qui n'a jamais eu lieu (Smooth Criminal, The Earth Song) et des numéros de trapèze, de tumbling et d'anneaux viennent nous rappeler de temps en temps qu'on est à un spectacle de cirque.

Dans ses meilleurs moments, ce Michael Jackson, The Immortal mise sur les forces du Cirque et de MJ. Comme ce Thriller que le public a chaudement applaudi pour ses extraits du célèbre clip de Jackson, sa chorégraphie vivante de fantômes et de morts-vivants et cette musique qui bouge et fait bouger. Puis, tout de suite après un numéro de sangles aériennes très apprécié sur les ballades You Are Not Alone et I Just Can't Stop Loving You.

Vers la fin, le public a acclamé le medley Don't Stop Til You Get Enough, Billy Jean et Black or White, un numéro d'ensemble très dynamique aux chansons irrésistibles.

Michael Jackson, The Immortal est un spectacle très esthétisant, impeccable sur le plan de l'exécution musicale, mais dont on cherche trop souvent le fil conducteur malgré les discours un brin moralisateurs de Michael Jackson insérés çà et là et mal servis par une sono trop forte.

Pire encore, ce spectacle ne touche pas. La seule véritable émotion passe quand, vers la fin, on revoit le jeune Michael Jackson chanter I'll Be There sur un film d'archives en noir et blanc dans le «numéro» le plus sobre de la soirée.

Peut-être y a-t-il là une leçon à tirer?