Au risque de passer pour un jeune homme à l'ambition précoce, Adam Blanshay est catégorique: «Ça fait depuis que j'ai 5 ans que je veux travailler sur Broadway!»

Né à Montréal, où il a grandi, Adam a 8 ans lorsque sa mère l'emmène pour la première fois voir une comédie musicale sur la célèbre artère de New York. La musique endiablée, les costumes extravagants, l'animation folle... Coup de foudre.

«Mon père est avocat, ma mère est femme d'affaires. Ça ne me ressemble pas, dit-il. Moi, je suis fait pour le show-business!»

Tellement qu'à partir de l'âge de 15 ans, Adam monte à la moindre occasion dans un autobus Greyhound et se tape les sept heures et demie de trajet Montréal-New York pour assister à des spectacles sur Broadway. «J'ai vu l'opéra rock Rent 18 fois!» annonce-t-il sérieusement.

Après des études en théâtre à l'Université McGill, Adam produit quelques pièces au succès plutôt confidentiel à Montréal. En 2004, il décide de faire le grand saut: déménager dans la Big Apple. Comme il a de la famille à New York, cela facilite son installation.

How to Succeed...

À 24 ans à peine, Adam Blanshay commence donc à faire son petit bonhomme de chemin dans la jungle artistique new-yorkaise. De stagiaire à directeur adjoint, il se fait les dents sur des spectacles off Broadway, où on présente de bonnes productions, mais sans le retentissement des superproductions à la Lion King, à l'affiche dans les théâtres établis de Times Square.

«J'ai eu de très bons mentors, dit celui qui a travaillé avec Anita Waxman et Sonia Friedman, poids lourds de la production new-yorkaise. Cela a fait toute la différence.»

En 2010, l'ascension d'Adam passe à la vitesse grand V. En un an, à titre de coproducteur, son nom figure au générique de quatre gros canons du box-office de Broadway. Parmi eux, les comédies musicales Catch Me If You Can, adaptation du film de Steven Spielberg, et How to Succeed in Business Without Really Trying, mettant en vedette Daniel Radcliffe (Harry Potter).

«Daniel est généreux et humble. Il connaît tout le monde par son prénom. C'est agréable de travailler avec lui. J'en suis extrêmement fier», confie Adam.

Le jeune homme a aussi oeuvré au montage financier et à la direction artistique des comédies Jerusalem et Scottsboro Boys. À elles quatre, ces productions ont récolté 30 nominations au dernier gala des Tony Awards, dont quatre directement liées au travail de production.

«Pas mal pour ma première année sur Broadway!» lance Adam sans prétention.

Son prochain projet: le remake de On a Clear Day, à l'affiche cet automne, et mettant en vedette le célèbre crooner Harry Connick, Jr.

Entre New York et Londres

À 30 ans, Adam veut maintenant se hisser au rang de producteur principal sur Broadway. Il aimerait y faire venir la pièce His Greatness du dramaturge canadien Daniel Maclvor.

«C'est important pour moi de faire la promotion des artistes du Canada à New York.»

Sans compter qu'il vient de recevoir l'invitation alléchante de travailler à la très attendue production Evita, présentée à compter d'avril prochain, avec nul autre que le chanteur Ricky Martin dans le rôle de Che Guevara. Impossible de refuser une telle invitation!

Et après? Adam rêve de produire des succès qui le mèneraient de New York à Londres. Il vient d'ailleurs de faire son entrée dans la ville de Big Ben, où il produira à compter de novembre le remake de Pippin de Stephen Schwartz au théâtre Menier Chocolate Factory.

Lorsqu'il se projette dans l'avenir, Adam se voit passer le plus clair de son temps dans un avion en transit entre les deux plus grandes capitales culturelles du monde.

«Je n'ai pas de plan B», conclut-il, avec un large sourire.