En 20 ans de carrière et après plus de trois ans d'absence, Lenny Kravitz revient sans doute avec son album le plus authentique. Intitulé Black and White America, il sera en magasin mardi et également pressé en version vinyle. En tournage en Caroline-du-Nord pour le film The Hunger Games, le mythique chanteur new-yorkais aux 35 millions d'albums vendus en carrière a répondu aux questions de La Presse.

La pochette de Black and White America donne tout de suite le ton avec une photo de Lenny Kravitz à l'âge de 8 ans, un signe de paix inscrit sur le front. Un cliché pris au cours d'une manifestation pour la paix à une période sombre de l'Amérique où des passants crachaient sur ses parents pour la seule raison qu'ils formaient un couple mixte (père juif russe et mère des Bahamas). L'auteur-compositeur et interprète de 47 ans revient sur ses sujets de prédilection, l'amour et les femmes, mais le séducteur se fait aussi plus engagé dans ses textes avec la chanson titre de l'album, Black and White America, inspiré du racisme persistant des États-Unis d'Obama.

«Cette chanson est le reflet de qui je suis. J'ai grandi avec l'histoire de mes parents et c'est encore là où on en est aujourd'hui, la discrimination raciale est toujours un grand enjeu et l'a toujours été. J'ai regardé un documentaire qui montrait des Américains racistes et haineux. Ils n'aimaient pas ce que l'Amérique était devenue et voulaient revenir au temps de la ségrégation. J'ai écrit cette chanson en réponse à ces personnes», explique-t-il.

Lenny Kravitz revisite 50 ans de musique et jongle avec les styles pour ce neuvième album studio qui flirte entre rock, soul, funk et même hip-hop grâce à des duos avec Jay Z et Drake. «Ça va un peu dans tous les sens. C'est du Lenny Kravitz!», s'amuse-t-il. «Ça montre vraiment toutes les facettes de ma personnalité. Mes collaborations sont arrivées tout naturellement. Quand j'ai écrit Boongie Drop, j'ai entendu la voix de Jay-Z dessus. Même chose pour Drake avec Sunflower. Je laisse toujours la musique me dire quels choix faire», précise-t-il.

Un album enregistré entre Paris et les Bahamas qu'il a créé en s'éloignant de la folie new-yorkaise pour revenir à l'essentiel. «Ça m'a pris environ un an et demi pour l'écrire. J'ai passé beaucoup de temps aux Bahamas où j'ai mon studio et j'y ai vécu une vie très simple. J'en avais vraiment besoin, il me fallait un peu de temps seul et au calme, à manger ce qui provenait de mon jardin et de la mer. Je désirais uniquement me concentrer à la musique, prendre le temps de vivre et de respirer. Je n'avais absolument aucune idée de ce dont je voulais parler quand je suis entré en studio, je savais seulement que je voulais faire un album double classique. Je désirais avoir un large terrain de jeu dans lequel je pourrais explorer, grâce à différents styles de musiques et d'émotions. Mes albums reflètent tous une certaine période de ma vie, mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de vraiment spécial avec cet opus. Ça représente mon présent, c'est-à-dire une personne qui commence à être en paix avec beaucoup de choses de la vie».

Le chanteur commencera sa tournée mondiale en Europe à l'automne et promet à ses fans canadiens de ne pas les laisser en reste. «Je vais certainement aller au Canada, mais je ne sais pas encore quand. Je vais vraiment tout faire pour que ça soit au printemps ou en été. Quand je viens en hiver, ça finit toujours mal! Je ne performe pas bien dans les températures extrêmes!», s'amuse-t-il.

Un artiste touche-à-tout

Lenny Kravitz désire aussi passer plus de temps à produire la musique d'autres artistes. «Je commence à produire de nouveaux noms. J'aimerais aussi travailler avec Bob Dylan. Produire son prochain album en fait, car il écrit sa propre musique. J'adore sa musique et on en a discuté au cours des dernières années. Avec un peu de chance, on va trouver le temps et l'endroit pour le faire. Ça serait un rêve absolu!», s'exclame-t-il.

Après une première incursion au cinéma dans Precious de Lee Daniels, on retrouvera Lenny Kravitz dans The Hunger Games de Gary Ross au printemps 2012 aux côtés de Jennifer Lawrence, Elizabeth Banks, John C Reilly et Stanley Tucci. L'artiste exprime aussi sa créativité à travers le design d'intérieur, une passion qu'il chérit depuis maintenant 13 ans. «Je travaille actuellement sur une tour de 48 étages à Miami et je m'occupe du design d'un étage du nouvel hôtel de Philippe Starck, également à Miami. Il m'a beaucoup encouragé dès le début de ma carrière de designer, c'est incroyable de travailler avec l'un des meilleurs créateurs de notre temps. J'ai débuté il y a de nombreuses années en créant mes meubles, puis j'ai ouvert un bureau dans lequel j'ai mis beaucoup d'efforts. Je crée de manière organique et donne à cet art le respect qu'il mérite. Ça fait 13 ans que j'ai ouvert ma société et là, ça explose!», conclut-il.

Black And White America, de Lenny Kravitz

Rock, Funk, Et Groove

Atlantic Records