Il a surpris tout le monde, début juillet, non seulement en participant au Festival en chanson de Petite-Vallée, mais y raflant presque tous les prix. Foi d'Émile Proulx-Cloutier, ce ne sera pas la dernière fois que le jeune comédien explore une autre facette de son talent. Il a soif de mots, de chansons et de scène.

«La scène est un espace où je me sens chez moi, dit Proulx-Cloutier dont l'expérience théâtrale est étoffée. Et avec Petite-Vallée, j'ai découvert un plaisir volcanique à livrer mes chansons. Je veux donner des spectacles, faire des premières parties, aller chanter dans des bars. Je veux rencontrer toutes sortes de public.»

Rencontré il y a quelques jours pour la promotion du film Opération Casablanca (nous y reviendrons samedi), le comédien qui révèle maintenant son côté auteur-compositeur-interprète conserve la tête froide. De Petite-Vallée, où il présentait ses propres chansons sur scène pour la première fois, il est reparti avec sept prix prestigieux en plus d'un prix générique que tous les participants recevaient. N'empêche! Il vous dit tout de go qu'en tant que comédien, il défend plusieurs années d'expérience sur scène, mais qu'en tant que chansonniers, il ne compte que quatre semaines de vie professionnelle.

«La réponse extraordinaire du public à Petite-Vallée ne me donne pas de l'expérience», dit-il humblement. De là, son désir de retourner sur les planches le plus rapidement possible. Et ce, tout en poursuivant ses autres projets: répéter pour le théâtre, chercher le sujet de son prochain court métrage et accompagner sa conjointe, la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette, au tournage de son prochain long métrage, Inch Allah, en Jordanie. Le couple s'y rendra cet automne avec leur jeune fils de quelques mois.

Pianiste, Émile Proulx-Cloutier fait de la musique, pour lui-même et ses proches, depuis l'âge de huit ans. Il a connu sa première expérience musicale sur scène en 2009 lors de la présentation de Dans les charbons, oeuvre hybride où se rencontrait textes et musiques au Théâtre de Quat'Sous.

Francouvertes et ROSEQ

«Entouré de mots, j'ai eu envie d'aller plus loin dans la musique, raconte le comédien. Mais c'est troublant, composer et chanter ses propres chansons. C'est fragilisant, car c'est une part de toi, pas celle d'un autre auteur, qui est dite.»

Il a travaillé ses textes puis a été sélectionné parmi huit jeunes talents pour Petite-Vallée en Gaspésie, un festival qui est autant une rencontre avec le public qu'un grand atelier de travail. «Sur place, on ne crée pas de nouvelles pièces. On travaillait notre matériel, dit Proulx-Cloutier. On travaille sur la façon de livrer nos chansons. On réfléchit à savoir à qui l'on s'adresse. Ça se rapproche beaucoup du travail d'acteur.»

Maintenant que la glace est brisée, l'auteur-compositeur-interprète voit des portes s'ouvrir. Il a été invité à faire une prestation au prochain festival Francouvertes, en février à Montréal, et à passer une audition pour une éventuelle tournée du Réseau des organisateurs de spectacles de l'Est-du-Québec (ROSEQ).

Dans le contexte, il ne se sent pas bousculé à l'idée d'endisquer ses pièces. Chez ce jeune homme posé, chaque chose arrivera en son temps. «Je veux d'abord aller sur scène et casser mes chansons.»