Masala est une émission de radio, un blogue, un label de musique et, dans le cas qui nous occupe, une organisation de spectacles au service du brassage interculturel à l'ère 2.0. Mélange vivifiant de sono mondiale, qu'elle soit africaine, antillaise, latino-américaine, indienne, amérindienne et plus encore. Cette initiative montréalaise contribue ainsi à l'actualisation musicale de ces cultures en mutation.

Vendredi et samedi à la SAT, le collectif Masala prend en charge et suggère une cure de rajeunissement à ce vaste ensemble qu'on a longtemps appelé musiques du monde. Voilà une première initiative du genre présentée aux Nuits d'Afrique.

D'origine française, Guillaume Decouflet a été programmateur à Pop Montréal avant de s'investir dans le projet Masala. Par passion, tient-il à préciser. Sa vie, il la gagne en tant que manager de Ghislain Poirier, Boogat et Bonjay, un groupe de Toronto où il réside actuellement. L'automne dernier, il a pris contact avec l'organisation des Nuits d'Afrique afin qu'une collaboration se réalise avec les soirées Masala Sono.

«Les organisateurs ont tout de suite accroché à l'idée, c'était dans leurs plans que de développer un sound system. Ainsi, nous faisons le pari d'attirer le public des Nuits d'Afrique afin de le mêler à celui de nos soirées club -que nous tenons depuis un moment déjà. Il s'agit donc d'une première étape pour cette nouvelle série du festival. Chacune des organisations y trouve son compte.»

Laissons à Guillaume Decouflet le soin d'expliquer le programme de ces deux Soirées Masala Sono:

«Vendredi, le programme est essentiellement latin. Nous avons invité Dos Mundos Radio DJs, l'équivalent latino de Masala à Toronto. Cette organisation pousse tout ce qui est cumbia digitale, nouveau merengue, mumbaton, enfin ces tendances neuves qui gagnent du terrain dans le marché latin. Ensuite, le MC et réalisateur montréalais Boogat se produira avec un percussionniste. Poirier fera DJ derrière lui. Puis se produira Uproot Andy, un artiste de New York qui a fait d'excellents remixes de musique afro-colombienne. Il est un des meilleurs DJ que je connaisse.

«Samedi, l'ouverture de Masala sera suivie de de MR OK, rapper créole haïtien qui travaille avec Vincent Letellier (Freeworm, National Parks). Ce dernier lui fait des musiques électroniques et y intègre konpa, rara et musiques carnavalesques. De Toronto, nous présenterons ensuite DJ Kyabu. D'origine angolaise, il se produira avec deux danseurs de kuduro. Le kuduro, il faut dire, est la seule musique électronique à 100% africaine; ça existe à Luanda depuis le milieu des années 90 c'est actuellement énorme dans les clubs de France. Enfin, Poirier et Face T, d'origine jamaïcaine, viendront clôturer la soirée.»

Guillaume Decouflet raconte la petite histoire de Masala:

«Jean-Philippe Émond, DJ Jeune premier, a commencé ça il y a sept ans sur les ondes de CISM -le vendredi soir en saison régulière, à compter de 21h. Je l'ai rejoint il y a plus de cinq ans, après quoi un blogue a été mis en ligne. D'autres se sont joints à nous par la suite -Benoît Liard, Étienne Côté-Paluck, etc. L'émission est écoutée, le blogue est lu. Pas nécessairement à Montréal mais surtout en France et dans le reste du monde -nous faisons partie d'une communauté qui traitons de ce genre de musique.

«Jusqu'à maintenant, il y a une préférence de Masala sur les musiques africaines, caribéennes et latino-américaines mais nous essayons aussi de couvrir d'autres territoires comme celui de l'Inde ou des Premières Nations. L'idée de Masala, en fait, c'est de présenter l'actualité des musiques urbaines internationales.»

Quant au label Masala, créé l'an dernier, il consiste à mettre «une emphase supplémentaire sur des projets qui tiennent à coeur, c'est-à-dire qu'ils exigent un effort de diffusion plus considérable.»

«Notre première sortie a été Mister OK, rapper haïtien associé à Vincent Letellier qui lui a créé un son futuriste. En janvier, nous avons lancé Ma Super Star, un duo originaire du Botswana qui fait du highlife un peu cassé; super bonnes chansons, de bonnes mélodies et remix d'un producteur de Lisbonne, Batida, l'un des meilleurs artistes repérés par Masala. Notre plus récente sortie met en lumière des DJ et réalisateurs d'Ottawa, Amérindiens Ojibwés sous la bannière A Tribe Called Red. Un d'entre eux, le scratcher DJ Shub, est le champion DMC au Canada. Bear Witness, lui, est un artiste visuel qui fait du repiquage/bidouillage/contextualisation d'extraits de films sur l'imaginaire amérindien dans la culture populaire. Et il y a DJ Indian, très connu dans la région d'Ottawa. A Tribe Called Red se produira le 26 août prochain au Belmont, dans le cadre de la soirée Karnival de Poirier.»

En hindi, masala signifie mélange.

«Étant donné que Masala a démarré sur CISM, raconte Guillaume Decouflet, www.masalacism.com est devenu l'adresse internet du collectif et de notre blogue. Après avoir visité notre site, un ethnomusicologue de Boston, Wayne Marshall, a interprété masalacism comme un néologisme désignant la culture du mélange!»

Mélangisme? D'accord. Prêts pour deux sorties au club mélangiste? Oh la la...

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Inscrites dans le cadre de la série Nuits d'Afrique Sound System, les soirées Masala Sono se tiennent vendredi et samedi, 22h, à la Société des Arts Technologiques (SAT).