La série 2011 des récitals des dimanches d'été à l'orgue Casavant de la Basilique Notre-Dame a connu un début lent. Pour diverses raisons -- d'abord de santé, ensuite d'environnement car la chaleur là-haut était encore plus insupportable qu'en bas -- , le titulaire Pierre Grandmaison, qui ouvrait la série, modifia son programme plusieurs fois pour aboutir à un menu dont il faut bien dire qu'il était maigre et décevant.

La plus importante des oeuvres au programme était - ou plutôt : devait être -- le Prélude, Adagio et Choral varié sur le thème du Veni Creator, de Maurice Duruflé, organiste et compositeur avec qui M. Grandmaison étudia à Paris. Un présentateur non identifié vint annoncer dans le sanctuaire, au micro, que l'organiste remplaçait le Duruflé par une «surprise», pour répondre à la demande de quelqu'un.

Et M. Grandmaison d'annoncer à son tour, du haut de la tribune, qu'il allait jouer quelque chose pour souligner la fête nationale des États-Unis. Ici, clin d'oeil obligé aux touristes qui envahissent le Vieux-Montréal chaque été. Quant à la «surprise», il s'agissait d'une massive et interminable improvisation sur le God Bless America.

Ce qu'on rapporte de ce récital se ramène finalement à peu de chose. M. Grandmaison joua d'abord cinq des 11 Préludes de choral op. 122 de Brahms. Les trois premiers furent livrés dans la registration lourde et uniforme qu'on associe automatiquement à cette musique on ne peut plus «allemande». Le quatrième choral contient une jolie mélodie, bien soulignée par l'organiste qui, au dernier choral, multiplia les recherches de registration.

Le meilleur moment du récital fut cependant l'Offertoire sur les grands jeux, tiré de la Messe pour les couvents de Couperin. M. Grandmaison y respecta tous les changements de clavier et ornements prescrits et, surtout, y fit briller une profusion d'anches qui rapprochaient étonnamment le Casavant électropneumatique de 1890 d'un authentique orgue baroque français.

PIERRE GRANDMAISON, organiste. Dimanche soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).