Tel un chat, The B-52s a eu plusieurs vies pendant lesquelles le groupe a vendu 20 millions d'albums. Avant que le quatuor punk-yéyé-garage-new wave clôture le Festival de jazz ce soir, entrevue «retour dans le temps» avec la chanteuse rousse Kate Pierson.

Kate Pierson est copropriétaire avec sa blonde Monica du kitsch Kate's Lazy Meadow Motel, près de Woodstock, dans l'État de New York. Mais cela n'empêche pas la rouquine de toujours chanter avec ses copains des B-52s, qui ont le mandat de clôturer le Festival de jazz dans un esprit déjanté de party, ce soir.

«Nous aimons venir à Montréal. Ce n'est pas loin de Woodstock», dit la chanteuse.

La naissance de The B-52s remonte à la fin des années 70, lorsque Kate a rencontré Cindy Wilson, Ricky Wilson, Keith Strickland et Fred Schneider dans la petite ville sans histoire d'Athens, en Géorgie. «J'ai abouti là après avoir obtenu un diplôme collégial en journalisme et après avoir fait du pouce en Europe, se souvient Kate. Nous nous sommes connus dans un party de bohémiens où l'on présentait des films de Fellini. Un soir, nous étions dans un restaurant chinois. Nous n'avions pas d'argent pour manger, mais nous buvions des flaming volcano. Nous sommes ensuite allés jammer et nous avons écrit une chanson qui s'appelait Killer Bees. C'était comme un miracle: le groupe est né.»

«Nous étions cool et weird, raconte Kate. Nous ne faisions pas de chansons structurées, mais de longs jams improvisés.»

Après quelques spectacles à Athens et avec un démo en poche, les cinq copains ont tenté leur chance à New York en empruntant de l'argent au père de Ricky pour acheter un van.

Le propriétaire d'un bar appelé Max's Kansas City a tellement aimé le single Rock Lobster qu'il a décidé de le sortir de façon indépendante. C'est ainsi que The B-52s a commencé à se produire régulièrement dans des clubs branchés comme Club 57 et le CBGB. «Il y a eu un effet de bouche à oreille, raconte Kate Pierson. Nous sommes devenus amis avec Talking Heads et leur imprésario nous a négocié un contrat avec Warner et une tournée mondiale.»

Le premier album de The B-52s est sorti en juillet 1979, revisitant les années 60 dans un esprit punk et kitsch avec des sonorités surf et new wave. À peine un an plus tard, le quintette a lancé Wild Planet. S'est ensuivi Whammy! en 1983, album moins bien accueilli par la critique. «Nous sommes ensuite allés en studio pour Bouncing Off the Satellites. C'était la première fois que Warner nous demandait de faire un hit. Mais Ricky est mort en 1985. Nous étions dévastés et nous ne savions pas si nous allions continuer à faire de la musique.»

À l'époque, la version officielle veut que Ricky Wilson soit mort d'une cause naturelle. Mais dans les faits, il a succombé au sida, une maladie alors considérée comme la peste. «Personne ne savait qu'il était malade. Il est mort de façon foudroyante, raconte Kate. L'oncle de Ricky ne voulait pas dire que c'était le sida pour ne pas blesser son père.»

Endeuillés, Cindy, Kate, Keith et Fred n'ont fait presque aucune promotion pour Bouncing Off the Satellites. Après trois années de pause, les membres de The B-52s sont revenus en force avec Cosmic Thing, qui comprenait les bombes Love Shack et Roam. Cet album leur a fait connaître leur plus grand succès commercial.

«Nous voulions ramener la présence et la mémoire de Ricky, à l'époque où nous étions à Athens. C'était cathartique», raconte Kate.

La suite n'a pas été rose pour autant. Après Good Stuff, sorti en 1992, Cindy a quitté le groupe «pour vivre une période difficile».

Le groupe s'est reformé le temps d'une tournée, mais, pendant près de 15 ans, Cindy, Kate, Keith et Fred ont pris des chemins divergents, pour finalement se retrouver pour l'album Funplex, sorti il y a trois ans. Un disque qui fait le pont entre les époques. «Nous voulions être plus actuels tout en restant The B-52s, avec des mélodies bonbon et des gros beats, explique Kate. Keith a déménagé à Key West, donc il écoute beaucoup de musique électro de club, qu'il a combinée avec du early rock

Et comment vont les membres de The B-52s aujourd'hui? Ils font des spectacles sans pression aucune, simplement pour le plaisir. «Je suis enchantée de faire la tournée des festivals, répond Kate. C'est extraordinaire de voir la réaction des gens. Notre musique est dansante, donc elle ne vieillit pas. Et les chansons de Funplex se mêlent super bien aux autres.»

Et les cheveux, d'hier à aujourd'hui? «Cindy et moi étions des Lady Gaga avant notre temps, lance Kate Pierson. Mais je ne serai jamais blonde. Je suis rousse!»

The B-52s se produit ce lundi soir, à 21h30, sur la place des Festivals.