La Fondation de la Place des Arts, qui contribue annuellement 250 000$ à des activités artistiques destinées aux jeunes et aux très jeunes, présentait hier sa première soirée-bénéfice en cinq ans d'existence et la transformait symboliquement en un hommage à la célèbre mécène Jacqueline Desmarais.

Le nom donné à l'événement, Grande Première des futures étoiles, évoquait de très près le concours radiophonique Nos futures étoiles qui, de 1947 à 1955, permit la découverte de nombreux chanteurs. Peut-être s'agit-il d'un hasard.

Choisi directeur artistique de l'événement PdA, Alain Lefèvre avait réuni, après auditions, 13 jeunes artistes dans différentes disciplines. Agissant comme animateur de la soirée, le pianiste revint sur les thèmes qui lui sont chers, comme le rôle de la culture dans la société et dans l'histoire. «Les jeunes sont l'espoir de l'humanité», répéta-t-il. Il nous informa plus tard qu'il avait les larmes aux yeux et qu'il adressait «non pas un hommage mais un cri du coeur» à Mme Desmarais, invitant ensuite celle-ci au micro.

Véritable vedette de la soirée, la souriante philanthrope rendit à son tour hommage à Pierre Béique, l'ancien et quasi légendaire directeur général de l'OSM qui, rappela-t-elle, lui transmit le goût de la musique classique et principalement de l'opéra.

Précédée d'une réception et suivie d'une autre réception, la soirée d'une durée de deux heures sans entracte comportait des projections sur grand écran des artistes au programme et de certains forcément absents. C'est ainsi qu'on passa une brève vidéo de Yannick Nézet-Séguin qui, depuis La Scala de Milan, s'adressait ainsi à Mme Desmarais: «Vous êtes irremplaçable. Je vous adore. Et je ne suis pas le seul!»

Autre protégé de Mme Desmarais, le ténor Marc Hervieux avait lui aussi enregistré son «Merci beaucoup» sur vidéo, étant retenu à Radio-Canada pendant le spectacle. On le vit arriver en fin de soirée avec la soprano Gianna Corbisiero.

Présidente d'honneur de l'événement, Mme Michèle Dionne, que je sais mélomane et qui est l'épouse du premier ministre Jean Charest, parla de Mme Desmarais comme de «l'un des piliers de la vie artistique au Québec».

Huit des 13 jeunes artistes au programme, soit plus de la moitié, appartiennent à des disciplines (la danse et la chanson populaire) dont je ne fais plus la couverture. Ce qui ne m'empêche pas de noter un véritable talent chez les ballerines Pénélope Abram, Catherine Toupin et Théa Barnwell et chez les danseurs de ballet Pierre-Émile Lemieux-Venne et Jordan Faye. La danse moderne de Richard Lifshitz me paraît plus gratuite cependant. Quant aux deux chanteuses (appelées ici «interprètes», comme si les autres ne l'étaient pas!), Sophie Beaudet me semble plus originale qu'Audrey-Michèle Simard, avec, au surplus, une meilleure diction.

Des cinq représentants du secteur «musique classique», le plus convaincant reste Stéphane Tétreault, violoncelliste de 18 ans, attendu cet été au Concours Tchaïkovsky de Moscou. Technique et musicalité sont celles d'un professionnel. Il ne manque qu'une chose: un instrument digne d'un tel talent.

Julie Boulianne nous a servi de nouveau son beau mezzo velouté et a abondamment ornementé l'air final de La Cenerentola de Rossini. L'aigu manquait un peu d'aisance cependant et la voix n'a certainement pas la puissance d'une Horne ou d'une Simionato.

Comme Tétreault et Boulianne, la violoniste Caroline Chéhadé est déjà connue, ayant remporté le Prix d'Europe en 2007. Le programme me cite comme l'ayant confirmée «vraie violoniste». Je le pense encore, bien qu'elle ait abordé un peu sagement Tzigane de Ravel et qu'elle y ait commis quelques impairs.

On peut certainement parler de «future étoile» dans le cas de Thierry Perron, pianiste de 17 ans. Ouvrant le défilé, il traversa la première Méphisto-Valse de Liszt avec une étonnante solidité, indiquant, déjà, quel virtuose et quel musicien il sera d'ici quelques années.

La violoncelliste Amaryllis Jarczyk avait hélas! choisi les ennuyeuses Phantasiestücke de Schumann et son jeu terne était en accord.

En fin de spectacle, Alain Lefèvre invita tous les participants à saluer ensemble.