Un New-Yorkais pur jus qui fait l'unanimité sur la plus londonienne des scènes musicales, le garage/UK funky, voilà l'exploit qu'a réussi Drew Cyrus Lustman, alias Falty DL, avec son excellent deuxième album pour le label Planet Mu, You Stand Uncertain. Les temps ont bien changé, acquiesce Falty DL, à l'affiche du programme Nocturne 2 de MUTEK, ce soir, au Métropolis.

You Stand Uncertain est l'un des meilleurs albums électroniques de l'année. Éclaté, écartelé entre les différentes influences musicales - du jungle au r&b, en passant par le garage, le house et le dubstep -, le second album de Falty DL tient la route grâce à ce regard, cohérent et pertinent, qui maintient chacune des pièces de ce puzzle ensemble. C'est la distance dans le regard, celle d'un créateur à 5000 km de l'épicentre de toute cette bass music.

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Depuis quelque temps, la scène électronique britannique redécouvre les vertus des idées musicales américaines. Pendant qu'à Londres, on débusque les nouveaux labels et baptise de nouveaux sous-genres, chez nous et aux États-Unis, on mastique ces rythmes, on digère ces influences typiquement british pour recracher des grooves aussi singuliers que ceux d'outre-Atlantique.

Il y a 15 ans, alors que jungle, drum&bass et 2 Step étaient de toutes les fêtes anglaises, la chose aurait été impensable, croit Lustman, rejoint chez lui, à Brooklyn: «L'internet a aboli les frontières. Tout est en ligne si vite, de chez moi, je peux découvrir une nouvelle chanson d'un producteur anglais en même temps qu'un Londonien. Fini, le favoritisme.»

Ainsi, la scène de Los Angeles est reconnue à sa grande valeur grâce aux Flying Lotus et ses acolytes du label Brainfeeder, Teebs, Tokimonsta, Lorn, Matthewdavid et cie. Le Canada peut compter sur les Egyptrixx (de Toronto, passé à l'Igloofest cet hiver) et Jacques Greene. Ce dernier, dont la réputation à l'échelle internationale monte en flèche grâce de suaves productions garage/funky, offrira une performance live juste avant celle de Falty DL, ce soir, au Métropolis.

«Je suis ravi de partager la scène avec Greene, dit-il; je suis son travail depuis un moment.» Le Montréalais partage avec Lustman un goût pour le bon vieux garage new-yorkais et les voix r&b.

«J'imagine que mon travail renoue avec les racines garage du nightlife new-yorkais, mais par la bande, seulement, par accident, explique-t-il. J'ai plutôt écouté la musique de ceux qui s'étaient inspirés du garage new-yorkais avant de reconnaître le house new-yorkais.»

Bassiste de formation, fasciné par les Aphex Twin et Squarepusher qu'il découvrait à l'adolescence, Lustman a abandonné son instrument pour apprendre à maîtriser les logiciels de création musicale. À force de composer, il a tenté sa chance auprès des labels anglais qu'il admirait - dont l'éclectique Planet Mu, mené par un pote à Aphex Twin, Mike Paradinas.

«Mais je me lasse rapidement de ma musique, lâche-t-il. Je produis tellement de nouvelles chansons que lorsque l'une d'elles est enfin lancée, ça fait un an qu'elle traîne dans mon ordinateur. Et je ne peux pas me limiter à un genre; je viens de présenter un single pour le label [dubstep] Swamp 81 [de Loefah], très inspiré par l'afrobeat.»

Lors de sa performance hybride, entre le live et le DJ, Lustman promet de pousser plusieurs inédits qui témoigneront de sa passion récente pour les rythmes nigérians. Le reste de la soirée sera corsé, avec Greene, SiriusMo, Anstam et Modeselektor.

Enfin, les amateurs de musiques de basses sont invités à attraper les autres représentants de ces genres, Bowly (vendredi, 17h, Place de la Paix), Komodo (vendredi soir, Métropolis), ou encore l'excellent duo britannique Hype Williams, également jeudi soir, à la SAT.